Science in Society Archive

Motion d'urgence pour la protection des abeilles

Interpellation déposée auprès de la Commission Européenne par Madame Hiltrud Breyer, Députée au Parlement Européen de Strasbourg.

Le texte original en anglais et les références sont accessibles sur le web par : www.i-sis.org.uk/EMPH.php

Les abeilles sont en train de disparaître dans le monde entier [1]. A travers les Etats-Unis, les apiculteurs ont perdu de 30 à 90%, parfois plus, de leurs colonies d'abeilles à cause d'un 'syndrome d'effondrement des ruches' qui cause des pertes économiques énormes, non seulement aux apiculteurs, mais également aux producteurs de légumes et de fruits.

Ce syndrome qui affecte les abeilles a été observé en Allemagne, en Suisse, en Espagne, au Portugal, en Italie, en Grèce et au Royaume-Uni. Beaucoup pensent que lorsque les abeilles disparaissent, les autres espèces pourraient bientôt suivre le même sort.

Les facteurs élémentaires les plus importants qui ont été identifiés par l'Institut pour la Science dans la Société (www.i-sis.org.uk), en ce qui concerne ce 'syndrome d'effondrement des ruches', sont les suivants : des niveaux sub-léthaux de certains insecticides [2], en particulier une classe de nouveaux pesticides systémiques du groupe des néonicotinoïdes qui sont employés couramment pour l'enrobage des semences et pour les pulvérisations en vue de la protection des cultures [3], ainsi que les rayonnements de micro-ondes qui proviennent des stations de base des antennes relais et des téléphones sans fil [4].

Des niveaux sub-léthaux de pesticides, y compris les biopesticides Bt produits à partir de plantes cultivées génétiquement modifiées (OGM), qui sont cultivées sur environ 30 pour cent des surfaces en OGM, désorientent les abeilles, leur font adopter un comportement anormal et compromettent leur immunité vis-à-vis des infections.

Un article paru dans le journal LA Times [5] a suggéré qu'un champignon parasite unicellulaire, Nosema ceranae, pourrait être responsable du 'syndrome d'effondrement des ruches' ; toutefois, les experts concernés ont précisé que les résultats sont "tout à fait préliminaires ».

Une nouvelle étude d'ISIS [6] a présenté une hypothèse très dérangeante selon laquelle des niveaux sub-léthaux de pesticides de la classe des néonicotinoïdes, en particulier l'imidaclopride, agissent en synergie avec des champignons parasites, tels que Nosema sp., pour tuer les insectes.
Des spores de champignons couramment employés comme moyen de lutte biologique sont appliquées par pulvérisation ou dans des appâts ; lorsqu'elles sont distribuées en suspension à des concentrations sub-léthales, les pesticides sont alors beaucoup plus efficaces dans la destruction des insectes nuisibles.

De la même manière, les biopesticides Bt augmentent la puissance de destruction des champignons parasites avec un effet de synergie. La toxine purifiée Bt Cry1Ab est capable de tuer les larves d'un insecte foreur, lorsque celles-ci sont infectées par Nosema,à une concentration d'un tiers de la dose exigée pour tuer des larves non infectées.

Le Bacillus thuringiensis 'kurstaki' (des bactéries banales du sol qui produisent les biopesticides Bt), dans des formulations commerciales (Dipel), est capable de tuer les larves de pyrale du maïs infectées par Nosema pyrausta, à une dose 45 fois plus faible que celle qui détruit les larves non infectées.

Les autorités chargées de la réglementation et des contrôles ont autorisé et homologué l'usage des pesticides néonicotinoïdes systémiques à partir des seules évaluations des doses mortelles sur les abeilles, en ignorant une évidence patente : c'est que des niveaux sub-léthaux de pesticides agissent en synergie avec des parasites fongiques dans la destruction des insectes nuisibles.

Il se pourrait bien que les abeilles succombent à de tels effets synergiques. Il y a de bonnes raisons d'éliminer l'utilisation de tous les pesticides qui agissent en synergie avec les champignons parasites et toutes les plantes Bt [donc génétiquement modifiées] devraient être interdites pour la même raison.

La Commission Européenne prendra-t-elle les mesures appropriées pour stopper l'effondrement des ruches d'abeilles ?

Une telle mesure comprendrait l'interdiction des plantes Bt [OGM] et des pesticides systémiques du groupe des néonicotinoïdes, jusqu'à ce que leur effet synergique dans la destruction des abeilles, en interaction avec les champignons parasites et d'autres infections, ait été étudié de manière approfondie.

Références bibliographiques

  1. Reported in Killing Bees series, Science in Society 34 , 2007; Institute of Science in Society ( www.i-sis.org.uk ); magazine pdf and fully referenced members' versions of articles enclosed
  2. Ho MW and Cummins J. Mystery of Disappearing Honeybees , Science in Society 34 , 35-36, 2007.
  3. Cummins J. Requiem for the Honeybee , Science in Society 34 , 37-38, 2007.
  4. Ho MW. Mobile Phones and Vanishing Bees , Science in Society 34 , 34, 2007.
  5. “Experts may have found what's bugging the bees”, Jia-Rui Chong and Tomas H. Maugh II, LA Times, 26 April 2007, http://www.latimes.com/news/la-sci-bees26apr26,0,7437491.story?track=mostviewed-storylevel
  6. Cummins J. Parasitic Fungi and Pesticides Act Synergistically to Kill Honeybees? I-SIS Report 7 June 2007, https://www.i-sis.org.uk/Parasiticfungi.php

Article first published 22/06/07


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