Les Comités consultatifs scientifiques du gouvernement [britannique] ont essayé à plusieurs reprises de convaincre le public qu'il n'y a rien à craindre de l'ADN génétiquement modifié ou ADN-GM, mais les critiques ne manquent pas et fusent de toutes parts. Le Docteur Dr. Mae-Wan Ho propose un guide pratique, [sous forme de questions et réponses] à l'intention des citoyens qui, vis-à-vis des OGM, seraient encore perplexes.
Le texte original en anglais et les références sont accessibles sur le web par : https://www.i-sis.org.uk/GMDNAIF.php
L'ADN n'est jamais que de l'ADN, un point c'est tout » a déclaré un partisan [des Organismes Génétiquement modifiés = OGM], au cours d'un débat public [qui s'est déroulé en Grande Bretagne], en essayant de convaincre l'assistance qu'il n'y avait aucune différence entre de l'ADN-GM [ADN génétiquement modifié] et l'ADN normal. L'ADN est assimilé par les cellules parce qu'il est très nutritif ! », et l'ADN-GM peut se produire dans la nature », affirma un autre partisan [des OGM]. La mère Nature y est arrivée la première ».
Alors, pourquoi se faire tant de soucis au sujet de la contamination par les OGM ? Pourquoi prendre la peine de fixer des seuils [pour la présence] et la contamination [par des OGM] dans la nourriture et l'alimentation ? Pourquoi attribuer des brevets pour l'ADN-GM pour la simple raison qu'il s'agit d'une innovation ? Pourquoi les sociétés de biotechnologies n'acceptent-elles pas d'assumer leurs responsabilités et leurs obligations s'il n'y a pas [de risques ni matière] à s'inquiéter [autour des OGM mis en culture et disséminés dans la nature] ?
Pour les OGM, comme pour tout ce qui se produit dans la Nature : la mort ne saurait justifier le meurtre. La désintégration radioactive se produit également dans la nature, mais une forme concentrée et accélérée de cette énergie, peut devenir une bombe atomique.
L'ADN-GM et l'ADN normal ne sont pas distinguables selon la chimie la plus classique et banale, c'est-à-dire, qu'ils ont [tous deux] la même formule chimique ou composition atomique. Indépendamment de ceci, ils sont cependant aussi différents que le jour et la nuit. L'ADN normal est élaboré dans les organismes vivants, [tandis que] l'ADN-GM est fabriqué dans un laboratoire.
L'ADN normal a la signature de l'espèce à laquelle il appartient; l'ADN-GM contient des séquences d'ADN copiées à partir de l'ADN d'une grande variété d'organismes, ou simplement synthétisées de novo dans le laboratoire. L'ADN normal a des milliards d'années d'évolution derrière lui; l'ADN-GM contient du matériel [génétique] et des combinaisons génétiques qui n'ont jamais existé auparavant.
En outre, l'ADN-GM est conçu - bien qu'énoncé ainsi grossièrement - pour surmonter et enjamber les barrières d'espèce et pour aller s'installer dans le génome [d'individus receveurs].
Les caractéristiques de conception [des OGM] incluent des changements dans les séquences génétiques et [l'emploi] de séquences spéciales aux deux extrémités du transgène, ce qui augmente les possibilités de recombinaisons, c'est-à-dire, des ruptures au sein du génome et des réassociations [entre les séquences].
L'ADN-GM contient souvent des gènes de résistance à des antibiotiques, utilisés comme marqueurs requis au cours de la sélection des OGM au niveau cellulaire, mais qui n'ont aucune fonction utile dans l'organisme génétiquement modifié.
Il est clair que le processus de modification génétique ne correspond en rien à ce qui se passe naturellement (voir l'interview d'Anastasia Stephens du journal Evening Post, par le Docteur Mae-Wan HO dans article "Dégonfler les mythes du Génétiquement Modifié", in Science in Society, été 2004, N°22, pages 23-25).
Le processus de modification génétique contourne [et évite le processus de] la reproduction [par voie sexuée] ; il court-circuite et accélère considérablement l'évolution. L'évolution normale a créé de nouvelles combinaisons de matériel génétique à une allure lente et régulière au cours de milliards d'années [¤].
[¤] - Note du traducteur - Pour fixer un ordre de grandeur, les premières traces d'activités biologiques remontent à environ 3,8 milliards d'années; les premières bactéries marines existent depuis 3,5 milliards d'années et les premières algues photosynthétiques depuis 3 milliards d'années. L'apparition des cellules d'eucaryotes (possédant un noyau dans chaque cellule) se manifeste vers 1,5 milliard d'années. Ce n'est qu'il y a 500 millions d'années que les végétaux terrestres se développent, 450 millions d'années pour les poissons vertébrés. Les premiers hominidés et les premiers êtres humains n'apparaissent alors il n'y a que quelques millions d'années » (3 à 7 selon les diverses sources et estimations).
Il y a une limite normale, non seulement quant au taux mais également dans la portée des brassages génétiques au cours de l'évolution. C'est parce que chaque espèce se manifeste dans son propre espace-temps au cours de l'évolution, que des échanges génétiques de toutes natures peuvent se produire, mais uniquement entre les espèces qui se recouvrent dans cet espace-temps.
Cependant avec les modifications génétiques, il n'y a aucune limite de quelque nature que ce soit : même de l'ADN d'organismes disparus, dans des suites généalogiques éteintes depuis des centaines de milliers d'années pourraient être récupérées, reprises, copiées et recombinées avec de l'ADN des organismes qui existent [et vivent] de nos jours.
Les modifications génétiques augmentent considérablement la portée et la vitesse du transfert génétique horizontal. Ce dernier se produit quand le matériel génétique étranger saute » et vient s'intégrer dans des génomes, créant de nouvelles combinaisons (recombinaisons) entre des gènes, ou aboutissant même à de nouveaux génomes.
Le transfert génétique horizontal et les recombinaisons génétiques vont de pair. C'est de cette manière qu'apparaissent dans la nature, de temps à autre, de nouveaux virus et bactéries qui peuvent être la cause d'épidémies, à l'origine de nouvelles formes de maladies.
C'est également de cette façon que surviennent des résistances à des antibiotiques ou à des médicaments, [voire à des pesticides], ce qui rend alors beaucoup plus difficile le traitement de ces agents pathogènes [ou ennemis des cultures] et le contrôle des épidémies.
Les modifications génétiques correspondent essentiellement à des transferts génétiques horizontaux et à des recombinaison de gènes, accélérés en quelque sorte énormément, et d'une manière totalement illimitée quant à la source de matériel génétique recombiné utilisable pour faire de l'ADN recombiné qui est ensuite inséré, [sous forme de transgènes] dans le génome de plantes ou d'animaux pour créer les Organismes Génétiquement Modifiés ou OGM.
En augmentant à la fois le taux et la portée du transfert génétique horizontal et le taux des recombinaisons, les manipulations génétiques ont également augmenté la probabilité de produire de nouveaux virus et bactéries potentiellement pathogènes (1,2).
La situation ressemble à celle qui consisterait à augmenter la probabilité d'obtenir la bonne combinaison des nombres pour gagner à une loterie, en misant sur beaucoup de combinaisons différentes en même temps. Mais ce n'est pas tout.
Les études sur le processus des manipulations génétiques ont prouvé que le gène étranger qui s'insère endommage immanquablement le génome [receveur], brouillant et réarrangeant l'ordre des séquences d'ADN, ce qui peut avoir pour résultat une expression inadéquate de gène(s) susceptible(s) de déclencher un cancer (3,4).
Le problème avec les insertions lors des manipulations génétiques, c'est que celles-ci pourraient être transférées dans d'autres génomes avec tous les risques [déjà] mentionnés. Il y a des raisons de penser que des insertions d'ADN recombiné ont une plus grande propension aux transferts génétiques horizontaux et aux recombinaison que l'ADN normal (1 - 4), pour la raison principale que les insertions d'ADN recombiné ou transgènes, (et les variétés génétiquement modifiées qui en résultent) sont structurellement instables, et qu'elles contiennent souvent des points chauds » de recombinaisons tels que ceux situés aux bordures des transgènes.
Après des années de démentis, quelques pays européens [France et Belgique notamment] ont commencé à effectuer des analyses moléculaires des 'événements spécifiques' relatifs aux transgènes dans des variétés issues d'OGM et commercialement autorisées selon les exigences des nouvelles directives européennes pour la dissémination des OGM, les nouveaux aliments » [dérivés des OGM], la traçabilité et l'étiquetage des produits d'OGM destinés à la mise en marché dans l'Union Européenne.
Ces analyses indiquent que pratiquement toutes les insertions des transgènes ont été fragmentées et puis réarrangées depuis leur caractérisation [initiale] par les sociétés [de biotechnologies concernées] (5,6).
Ceci abouti au fait que toutes les variétés d'OGM déjà commercialisées sont illégales, par rapport aux nouveaux textes [réglementaires qui régissent le commerce des semences] sous le nouveau régime, et cela infirme également n'importe quelles évaluations de la sécurité [alimentaire] qui seraient faites sur ces matériels instables.
(Voir l'article "Transgenic Lines Proven Instable", in Science in Society, 2003, N° 20, automne-hiver 2003, pages 35-36, d'une part, et l'article "Unstable Transgenic Lines Illegal ", in Science in society, N° 21, printemps 2004, pages 21-23, d'autre part).
Comme chacun le sait, les propriétés d'une variété issue d'un OGM, et par conséquent son identité, dépendent absolument de la forme précise et de la position du transgène [éventuellement du nombre de copies intégrées dans le génome]. Le fait de déclarer qu'une variété issue d'OGM est "essentiellement équivalente" [formulation utilisée aux Etats Unis] à une variété non-GM, n'a aucun sens.
En vue d'une évaluation stricte de la sécurité environnementale, qui est requise pour mettre en culture et produire des OGM en Europe, les sociétés de biotechnologies [et les groupes semenciers qui assurent la distribution des semences] contournent la difficulté en faisant une demande d'autorisation uniquement pour l'importation [en Europe] d'OGM destinés à l'alimentation et à la transformation [industrielle].
Les aliments dérivés de plantes génétiquement modifiées sont-ils sûrs en matière de sécurité alimentaire ? Nous disposons à la fois de preuves scientifiques et d'informations plus anecdotiques qui nous suggèrent le contraire : beaucoup d'espèces d'animaux ont été diversement affectées après avoir été alimentés avec différentes espèces de plantes [et de produits alimentaires] issus d'OGM, et présentant une grande diversité de transgènes.
Voir dans la rubrique GM Food Safe ? » différents articles sur ce sujet, dans la revue Science in Society, N° 21, printemps 2004, pages 4 à 11. Ces informations [disponibles] suggèrent que le risque commun pourrait résider dans le processus des manipulations elles-mêmes, ou dans l'ADN génétiquement modifié [ADN-GM].
L'ADN peut aisément être isolé et analysé de manière quantitative. Mais la méthode utilisée en routine pour détecter de petites quantités ou des traces d'ADN-GM est la PCR ou réaction en chaîne de polymérase.
Cette méthode PCR consiste à copier et à amplifier un ordre spécifique d'ADN basé sur de courtes séquences d'ADN ou amorces qui reconnaissent les deux extrémités de la séquence ordonnée à amplifier ; cette opération va être réalisée pendant en général 30 cycles ou plus, jusqu'à ce que la séquence concernée puisse être identifiée après une coloration fluorescente.
Il y a beaucoup de difficultés techniques liées à l'amplification lors de la PCR. En raison de la petite quantité d'échantillon utilisée en routine pour l'analyse, il se peut que l'échantillon ne soit pas représentatif, particulièrement si l'échantillon n'est pas homogène, comme par exemple le contenu intestinal d'un grand animal. Les amorces peuvent ne pas s'hybrider correctement. Le processus de PCR lui-même peut échouer parce que des inhibiteurs sont présents.
Habituellement, la séquence amplifiée n'est une petite fraction de la longueur du transgène total qui est inséré, et [la méthode] ne détectera donc pas n'importe quelle autre séquence présente du transgène. Si la séquence visée est elle-même fragmentée ou réarrangée |[dans l'ordre de successions des bases nucléiques], la PCR échouera également. Pour toutes ces raisons, la PCR sous estimera presque toujours la quantité d'ADN-GM présent [dans l'échantillon] et une conclusion négative [à l'issue de l'analyse] n'est pas forcément une preuve de l'absence d'ADN-GM.
Note du traducteur - Ceci pourrait causer des biais méthodologiques importants pour la détection des transgènes à certains seuils requis légalement pour l'étiquetage et la mise en marché de produits dérivés d'OGM, ainsi que pour la détection des transgènes lors des contrôles de qualité dans les filières de production.
Ce regard nouveau porté sur le contrôle des aliments [issus ou non de produits dérivés d'OGM] (7) permet d'émettre des doutes considérables quant à la fiabilité des méthodes de PCR. Les erreurs peuvent surgir si l'échantillon n'est pas assez important pour donner une mesure fiable, ou si l'échantillon de graines [par exemple] prélevé n'est pas homogène, ou si la réaction de PCR n'est pas assez sensible, ou tout simplement si les données présentées aux autorités de normalisation ne sont pas suffisamment fiables. En conséquence, le niveau de la contamination [par des OGM] est presque invariablement sous-estimé.
Il y a donc un besoin pressant de développer des techniques d'analyses quantitatives par PCR qui soient sensibles, normalisées et validées pour étudier le devenir de l'ADN-GM dans la nourriture et l'alimentation. Les autorités de normalisation en Europe développent déjà de telles techniques pour déterminer la contamination de GM. Une telle technique a réduit la limite de la détection à 10 copies du transgène (la séquence insérée ou un fragment spécifique de celui-ci) (8).
En revanche, la limite de la détection de PCR dans les recherches de l'ADN-GM dans la nourriture et l'alimentation est extrêmement variable. Dans une étude commissionnée par l'agence britannique des normes alimentaires (9), la limite de la détection a varié de plus de mille fois entre les échantillons, avec quelques échantillons qui ont exigé plus de 40.000 copies de la séquence insérée avant qu'un signal positif ne soit enregistré. De telles études sont hautement fallacieuses si on les considère au pied de la lettre, démontrant ainsi toutes les autres limitations de la technique de PCR.
En dépit de tout cela, cependant, nous avons déjà des réponses à un certain nombre de questions capitales concernant le devenir des transgènes, de l'ADN recombiné dans la nourriture destinée aux animaux et aux êtres humains.
La réponse est non, pour la plupart des procédés de transformation [industrielle à visée commerciale]. Il a été démontré que l'ADN survivait intact à travers la mouture, le broyage et la dessiccation à la chaleur sèche, mais qu'il est incomplètement dégradé au cours de l'ensilage [des productions fourragères] (10 - 11).
Des températures élevées (au-dessus de 95°C) ou de la vapeur sous pression sont requises pour une dégradation complète de l'ADN. Des chercheurs mettent en garde : Ces résultats impliquent que des conditions rigoureuses sont nécessaires dans la transformation industrielle des tissus de plantes issues d'OGM, pour éliminer toute possibilité de transmission de transgènes à travers les produits alimentaires ».
Ces chercheurs ont souligné par exemple que le gène aad, conférant une résistance aux antibiotiques streptomycine et spectinomycine, est présent dans les graines de coton génétiquement modifiées, qui sont autorisés pour la culture aux Etats-Unis et ailleurs (Bollgard résistant à certains insectes de Monsanto et Roundup Ready tolérant à un herbicide) (12).
La streptomycine est énormément utilisée en seconde ligne comme médicament contre la tuberculose [maladie en recrudescence en France].
Mais c'est dans le traitement de la gonorrhée [autre appellation désuète pour une maladie sexuellement transmissible, due à un gonocoque, la blennorragie] que la spectinomycine joue le rôle le plus important : c'est le médicament de choix pour traiter des souches de Neisseria gonorrhoea qui sont déjà résistantes à la pénicilline et à la troisième génération de céphalosporines, tout spécialement pendant la grossesse.
La distribution, dans les cultures au champ, de plantes cultivées issues d'OGM portant le gène blaTEM, pour la résistance aux céphalosporines, est également concernée ici, car c'est à partir de là que les résistances aux céphalosporines ont évolué.
Dans une autre étude (13), on a trouvé, dans du lait de soja brut, de longs fragments d'ADN d'environ 2.000 bp, qui sont quelque peu dégradés après ébullition, mais qui sont encore présents dans le tofu et les protéines de soja très élaborées. Le chauffage dans l'eau en conditions acides est plus efficace pour dégrader l'ADN, mais, là encore, la dégradation était incomplète (il restait des fragments de plus de 900 bp).
Il est généralement admis, et de manière incorrecte, que des fragments d'ADN de moins de 200 bp ne présentent aucun risque (14), car leur longueur est inférieure à la dimension des gènes. Mais cela est faux : de tels fragments peuvent agir comme promoteurs (signaux nécessaires pour que le gène concerné soit exprimé) et des séquences de moins de 10 bp peuvent se lier aux sites [concernés par la biosynthèse des protéines] et en stimuler la transcription . Le promoteur CaMV par exemple est connu pour contenir un point chaud » de recombinaison et il est impliqué dans l'instabilité des transgènes (5 - 6).
Bien que l'ADN libre se dégrade rapidement dans la bouche des moutons (14) et des êtres humains (15), cela ne se produit pas suffisamment rapidement pour prévenir un transfert génétique vers les bactéries qui se trouvent dans la bouche.
L'ADN se trouvant dans les produits alimentaires destinés aux animaux et aux êtres humains peut survivre beaucoup plus longtemps. Les chercheurs concluent : L'ADN libéré à partir d'aliments génétiquement modifiés au niveau de la bouche, a la capacité potentielle de transformer naturellement des souches bactériennes compétentes ».
Plusieurs travaux ont maintenant établi la survie de l'ADN de l'alimentation à travers le tractus intestinal chez le porc (16 - 18) et la souris (19), dans le rumen des moutons (14) et dans le rumen et le duodénum des bovins (9).
Les études sont de qualité variable, dépendant essentiellement de la sensibilité de la méthodologie PCR utilisée pour amplifier les séquences spécifiques en vue de leur détection. Néanmoins elles suggèrent que l'ADN recombiné peut être transféré vers les bactéries au niveau du rumen et de l'intestin grêle. Par contre l'ADN n'a pas été détecté dans les fèces, ni chez les moutons ni chez les bovins, suggérant qu'il y avait été complètement dégradé.
L'unique expérience qui a été pratiquée chez des humains volontaires est peut-être la plus riche d'enseignements (20). Après un simple repas avec du soja génétiquement modifié contenant quelques 3x1012 copies du génome de soja, le transgène complet epsps de 2.266 bp a été retrouvé dans le sac de colostomie chez six des sept patients qui avaient eu une ablation au niveau de l'intestin (iléostomie ou ablation chirurgicale de la base de l'intestin grêle).
Les niveaux [en ADN recombiné] étaient très variables selon les individus, et quantifiés par un petit produit de 180 bp, obtenu par PCR, qui recouvrait la fin du promoteur du virus de la mosaïque du chou-fleur [CaMV 35S] et le début du gène [epsps] : une variation allant de 1.011 copies (3,7%) chez un patient jusqu'à seulement 105 copies chez un autre.
Ceci est une indication forte que l'ADN des aliments n'est pas dégradé suffisamment rapidement à travers le tractus gastro-intestinal et confirme les résultats antérieurs du même groupe de chercheurs (21).
De l'ADN ne fut pas trouvé dans les fèces chez aucun des 12 volontaires en bonne santé qui furent l'objet d'une expérience, suggérant que l'ADN avait été totalement dégradé, ou que tous les éléments détectables étaient passés dans le flux sanguin (voir plus loin) pendant le temps que l'aliment avait mis pour transiter dans le corps. Ces résultats sont en accord ceux obtenus chez les ruminants.
En général les études indiquent que l'ADN-GM se dégrade à peu près à la même vitesse et au même taux que l'ADN végétal naturel. Toutefois, aucune mesure quantitative ne fut faite et l'ADN-GM y avait été comparé avec l'ADN chloroplastique beaucoup plus abondant : il y est environ 10.000 fois plus abondant que le transgène.
La réponse est oui. La preuve en a été fournie par l'expérience sur les êtres humains rapportée ci-dessus (20). Le transgène n'avait pas été détecté dans le contenu des sachets de colostomie chez aucun des sujets avant le repas avec l'aliment dérivé d'OGM.
Mais après [mise en] culture des bactéries [prélevées à ce niveau], des taux faibles ont été détectés chez trois des sujets sur les sept [concernés] : le taux calculé était de 1 à 3 copies du transgène par million de bactéries.
Selon ces chercheurs, ces trois sujets concernés avaient déjà reçu le transgène du soja génétiquement transformé avant le repas de l'expérience, probablement après avoir consommé des produits inconnus à base de soja. Mais aucun transfert d'ADN-GM n'avait été détecté à la suite du simple repas pris au cours de cette expérience.
Les chercheurs n'ont pas été en mesure d'isoler une ou des souches spécifiques de bactéries qui auraient ingéré le transgène, ce qui n'est pas surprenant car une preuve moléculaire indique que 90% des microorganismes de la flore intestinale n'ont pas encore pu être cultivés ; ils ne peuvent croître que dans des cultures mixtes, un phénomène qui se rencontre avec d'autres organismes ».
En fait, l'ADN-GM peut déjà être transféré pendant les processus de transformation [industrielle] et de conservation (22). Un plasmide a été capable de transformer [au sens biologique], l'espèce bactérienne fréquente dans le système digestif Escherichia coli dans les 12 échantillons testés dans les conditions habituelles des processus de transformation [industrielle] et de conservation, à des fréquences variables selon l'aliment et la température.
Ce qui est surprenant, c'est que la bactérie Escherichia coli a été transformée [au sens biologique] à des températures inférieures à 5°C, c'est-à-dire aux conditions de conservation des denrées alimentaires périssables. Dans les boissons à base de soja, les transformations se produisent à cette température [5°C] à des fréquences plus élevées qu'à une température de 37°C.
La réponse est oui. Les composés alimentaires peuvent atteindre les lymphocytes (certaines cellules de globules blancs) en entrant directement dans la paroi intestinale, à travers les orifices de Peyer. Et des fragments d'ADN végétal ont même été détectés les lymphocytes sanguins périphériques chez des bovins (23).
Il faut noter que dans l'expérience d'alimentation chez les humains, une souche cellulaire d'un carcinome [cancer] CaCo2 a été transformée à une fréquence élevée d'une cellule sur 3.000, par un gène marqueur de résistance à un antibiotique dans un plasmide. Cela démontre avec quelle facilité les cellules de mammifères peuvent intégrer de l'ADN étranger, comme nous l'avons déjà souligné voici quelques années (24). Voir également ci-dessous.
La réponse est oui, comme déjà mentionné plus haut, des fragments d'ADN végétal ont été détectés dans des lymphocytes sanguins périphériques chez des bovins (23). Cependant, des tentatives d'amplification des fragments d'ADN végétal dans le sang ont échoué (16), très probablement à cause de la présence d'inhibiteurs dans l'amplification par PCR.
La réponse est oui, et cela est connu déjà depuis le milieu des années 1990.
De l'ADN-GM et de l'ADN viral donnés dans l'alimentation de souris, avaient abouti dans des cellules de plusieurs tissus (25) et, dans le cas d'une souris attendant des petits, l'ADN était capable de traverser le placenta, et de pénétrer dans les cellules du ftus et du nouveau-né (26). Ces résultats ont été confirmés en 2001, quand de l'ADN de soja a également été trouvé à l'intérieur des cellules des tissus de quelques animaux (19).
En général, d'abondantes séquences de chloroplastes sont détectées dans les tissus de porcs (18) et de volailles (23), mais pas de l'ADN simple génomique [contenu dans le noyau des cellules], ni de l'ADN recombiné. Mais il se peut que des évènements rares ne soient pas détectés, compte tenu des limites de la technique de PCR.
Récemment, une transgénèse spontanée - processus d'absorption spontanée d'ADN étranger se traduisant par une expression génétique - a été redécouverte par une équipe de chercheurs qui s'intéressaient aux nouvelles possibilités en matière de thérapie génique (27).
Ils ont bien éclairé le phénomène dans des cas de plusieurs souches cellulaires de lymphocytes B humains.
Le transgène contenu dans un plasmide a été promptement intégré et a été retrouvé dans de nombreux compartiments cellulaires, incluant le noyau où se déroule la transcription [des gènes]. Le plasmide n'était pas intégré dans le génome, mais les chercheurs ont dit que cette intégration éventuelle n'est pas à exclure.
[des êtres vivants qui le consomment ] ?
C'est peut-être la question la plus importante. Il y a des raisons de penser que l'ADN recombiné peut s'intégrer dans le génome après son absorption par les cellules (2, 4, 5), et cela principalement à cause des similarités de séquences (homologies) avec une large gamme de génomes, et spécialement avec ceux des bactéries et des virus. De telles homologies sont connues pour augmenter les transferts vers les bactéries jusqu'à un milliard de fois ! (28)
Plus significatif encore, l'intégration de matériel génétique non homologue peut se produire à des fréquences élevées si elles sont bordées par des séquences homologues. Une étude récente (29) fait ressortir l'importance de ces recombinaisons illégitimes par homologie facilitée », qui augmentent l'intégration d'ADN étranger (non homologue) au moins jusqu'à 105 fois s'il est bordé d'un côté par un morceau d'ADN homologue de génome receveur.
Aucune expérience n'a encore été réalisée pour estimer si de l'ADN recombiné serait plus apte aux transferts génétiques horizontaux que de l'ADN naturel. Cependant, dans l'expérience d'alimentation chez les humains [avec un aliment dérivé d'OGM] (20), on a montré que chez les trois volontaires ayant subi une iléostomie et reconnus positifs au test, le gène de la lectine du soja [epsps] n'avait pas été détecté dans les cultures bactériennes chez aucun des sujets.
Les chercheurs ont pensé qu'il était nécessaire de faire remarquer que Bien que le gène de la lectine végétale n'ait pas été détecté dans la population microbienne, il est probablement prématuré de conclure que ce transgène epsps ne peut pas se retrouver intégré dans des populations microbiennes ».
Mais jusqu'à ce que cette possibilité de l'insertion éventuelle de l'ADN-GM dans le génome des individus qui le consomment, soit abordée d'une manière adéquate, elle ne peut pas être exclue.
Références bibliographiques
ADN-GM ou ADN recombiné : acide désoxyribonucléique, support du code génétique, qui a été génétiquement modifié. L'acide désoxyribonucléique, constituant essentiel des chromosomes, est le support moléculaire de l'information génétique. Le contenu de cette information est le "code" de synthèse de toutes les protéines des organismes vivants.
Modifications génétiques ou manipulations génétiques ou transformations génétiques ou transgénèse : ensemble de manipulations qui consistent à intégrer de l'ADN recombiné d'origine(s) diverse(s) dans du matériel vivant receveur
OGM : Organismes Génétiquement Modifiés (on dit également transformés).
PCR = Polymerase Chain Reaction ou réaction en chaîne de polymérase : une technique utilisée en biologie moléculaire. Elle consiste à copier un fragment de matériel génétique (ADN ou ARN) en plusieurs millions d'exemplaires. A partir d'une seule séquence cible d'ADN, la technique PCR produit en moins de trois heures 100 millions de copie. C'est grâce à cette technique, couramment utilisée dans tous les laboratoires de recherche, qu'il a été possible de s'attaquer au projet de décodage complet du génome humain. La PCR sert aussi à diagnostiquer certaines maladies, notamment infectieuses, en permettant de détecter dans le sang et dans les tissus des fragments d'ADN et d'ARN de virus, de bactéries ou autres micro-organismes. Il suffit de prélever un échantillon biologique puis d'amplifier une séquence génétique spécifique de l'agent infectieux. Quelques fragments d'ADN bactérien ou viral suffisent. Source : note des http://www.doctissimo.fr/html/sante/encyclopedie/rossant.htm sur le site web :
www.doctissimo.fr/html/sante/ encyclopedie/sa_1278_bio_molecul_genet2.htm
Sécurité alimentaire :
1. Acception en terme de santé publique dans les pays à fort PNB par habitant : fourniture d'aliments sains, sans agents infectieux, sans toxines, sans substances toxiques ni contaminants de toutes natures susceptibles de nuire à la santé à moyen et à long terme (food safety » en anglais) -
2. Acception en terme quantitatif dans les pays à faible PNB par habitant : fourniture d'aliments de base en quantité suffisante et de qualité correcte pour nourrir les populations (food security ») en anglais.
Séquences génétiques : suite de bases nucléiques qui assurent le support du code génétique.
Transfert génétique horizontal : échanges génétiques avec intégration dans le génome et recombinaisons entre des organismes biologiquement éloignés, en principe séparés par la notion de barrière d'espèces : deux organismes d'espèces différentes ont une très petite probabilité de se croiser entre elles par voie sexuée et de donner une descendance fertile.
Transgénique ou Génétiquement Modifié : Nom donné à un être vivant issu d'une cellule dans laquelle a été introduit un fragment d'ADN recombiné, étranger. L'individu OGM en résultant, possède dans toutes ses cellules l'ADN recombiné étranger introduit au départ.
Traduction, définitions et compléments en français :
Jacques Hallard, Ing.CNAM, consultant indépendant
Adresse : 2240 chemin du Tilleul F.13160 Châteaurenard
Courriel : jacques.hallard@wanadoo.fr
Fichier OGM 17064.4rtf L'ADN dans l'alimentation DNA in GM Food and Feed
Article first published 17/06/04
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