Des gènes synthétiques, des toxines et du cyanure d'hydrogène : il faut s'attendre à trouver tout cela dans nos vins sur la table du dîner, d'après le Professeur Joe Cummins et le Dr. Mae-Wan Ho
Le texte original en anglais et les références sont accessibles sur le web par : https://www.i-sis.org.uk/GMGrapevines_and_Toxic Wines.php
Un certain nombre de vignes génétiquement modifiées ont été créées, mais aucun plant de vigne n'a encore été commercialisé. Concernant des vignes OGM, il y a eu, entre 1999 et 2005, 25 disséminations lors d'essais sur le terrain aux Etats-Unis et une flopée de diffusions commerciales peut survenir à tout moment.
L'ensemble des disséminations expérimentales portait sur des vignes génétiquement modifiées résistantes à certaines maladies : au mildiou , au B otrytis , à l' agrobactéri e , au Clostridium , au Xylella , au népovirus et au clostérovirus . Il y a eu une demande concernant l'amélioration de qualité du fruit, mais le transgène a été classé en tant qu'information commerciale confidentielle.
Les gènes de résistance à des maladies comprennent des peptides antimicrobiens synthétiques codés par les gènes synthétiques. La majorité des demandes de permis pour la dissémination provenaient des Universités Cornell, dans l'Etat de New York et de Californie, les autres demandes émanaient de sociétés de négoce en vins ou de sociétés de recherches sur la vigne et le vin. [1].
En Europe, des expérimentations ont été conduites en Italie avec des vignes génétiquement modifiées, avec un gène régulant une phytohormone, l' auxine . Des vignes ont été expérimentées en Allemagne, pour des résistances à des maladies cryptogamiques ; en France des essais ont portés sur des vignes résistantes à un népovirus [2].
En Australie, des vignes génétiquement modifiées pour la couleur de fruit ou la qualité ont été expérimentées au champ [3]. La plupart d'entre elles portaient des gènes de résistance à des antibiotiques servant de marqueurs de sélections ; ces derniers seraient vraisemblablement dispersés vers d'autres organismes vivants lors des travaux de vinification. Il y a eu récemment un hiatus dans l'approbation des plantes génétiquement modifiées et dans leur autorisation de mise en marché, en dépit d'un très grand nombre d'essais au champ. Il se peut que les bureaucrates considèrent le faible taux d'autorisations comme une impasse : cela pourrait faciliter ensuite, sans que l'on s'y attende, une pléthore de nouvelles autorisations. C'est une situation à laquelle le public concerné doit être préparé de façon à pouvoir prendre des dispositions.
Les raisins génétiquement modifiés présentent tous les risques communs aux autres OGM [4-6] ( Horizontal Gene Transfer - The Hidden Hazards of Genetic Engineering ; ISIS Report; GM Food Animals Coming , SiS 32) [ ¤ ].
[ ¤ La version en français de cet article, intitulée " Arrivage imminent d'aliments issus d'animaux modifiés génétiquement " sera accessible prochainement sur Internet]
Mais par le fait que les jus de raisin et les vins issus de vignes génétiquement modifiées se présentent sous forme de liquides de belle présentation, beaucoup de consommateurs peuvent supposer, à tort, qu'ils ne présentent aucun risque.
L' ADN contenu dans un raisin génétiquement modifié peut persister pendant plus d'un an après la fermentation lors de la vinification, ce qui est en contradiction avec l'information qui prétend que le processus de fermentation élimine l'ADN [6]. L'ADN génétiquement modifié du vin porte en lui tous les risques de transferts génétiques horizontaux et de recombinaison : ces mécanismes peuvent créer de nouveaux virus et de nouvelles bactéries pathogènes, pouvant déclencher des cancers dans le cas de l'ADN génétiquement modifié avec les promoteurs puissants qui ont la capacité de sauter dans le génome des cellules humaines. Les autres risques présentés par les raisins génétiquement modifiés sont la présence de toxines et d' allergènes conférée par les produits des transgènes , ou encore des perturbations métaboliques non prévisibles au niveau de la plante hôte.
Des cépages de Chardonnay ont été modifiés génétiquement avec des gènes codant pour la magainine et la carboxyamide de peptidyle-glycine-leucine, toutes deux étant des peptides antibiotiques synthétiques provenant de l'épiderme de grenouille ; par ailleurs, la résistance de néomycine et le GUS ont également été inclus comme gènes marqueurs pour la sélection des cellules lors de la transformation génétique. La vigne génétiquement modifiée s'est avérée plus résistante aux bactéries qu'aux champignons phytopathogènes [7, 8]. La toxicité du raisin de plants de vignes génétiquement modifiés n'a pas été encore étudiée chez les mammifères.
Des brevets ont été déposés pour produire des raisins transgéniques avec une version synthétique d'une toxine proche de la cécropine, la shiva 1 . Les raisins transgéniques ont résisté à la pourriture de la grappe, à l' oïdium et au mildiou de la vigne [9, 10]. Shiva 1 est un peptide antibiotique synthétique expérimental pour traiter des mammifères et l'application à des lapins a montré une plage étroite entre les doses efficaces et les doses toxiques [11]. On doit faire preuve de la plus grande prudence lors de l'évaluation des vignes génétiquement modifiées avec des gènes codant pour les toxines synthétiques : celles-ci pourraient mettre en danger la faune sauvage et domestique, aussi bien que les êtres humains.
La résistance de virus fan leaf de la vigne a été réalisée en transformant la vigne avec un gène de protéine de la capside d'un népovirus [12.13]. Ce gène de protéine de capside a conféré une résistance, très probablement par un effet suppressif de la réplication du virus par l' ARNi de la réplique de virus [14] ] ( Subverting the Genetic Text , SiS 24).
Des résistances à certaines maladies intégrées à la vigne par génie génétique avec des gènes viraux et bactériens
Les plants de vignes sont sensibles à des infections par une bactérie A grobacterium qui cause une tumeur du collet au niveau du sol. Sous une forme 'désarmée', c'est cette même bactérie qui est généralement utilisée généralement dans beaucoup de cas de modification génétique des plantes). Les tumeurs végétales sont initiées lorsque la bactérie injecte dans des cellules végétales des gènes qui portent un plasmide de l'ADN Ti (inducteur de tumeur) favorisant la prolifération des cellules chez les plantes. Une partie du plasmide avec Ti est transférée dans le génome de cellules de plantes et dépend de la formation d'un ADN simple brin intermédiaire qui est protégé vis-à-vis d'une dégradation dans les cellules végétales, par un gène vir codant pour la capside protéique et qui est produit par la bactérie. L'ADN simple brin protégé s'intègre au sein des chromosomes des plantes et met en route l'activation des gènes qui vont initier la formation de la tumeur.
Des plants de vigne résistants à Agrobacterium ont été construits en insérant une forme mutante du gène vir dans le génome des plantes. Ces vignes transgéniques produisent la protéine mutante v ir de façon continue, sans interruption ; cette protéine s'attache à la partie infectieuse du plasmide Ti et, de ce fait, l'inactive et la détruit au lieu que la protéine s'intègre dans la garniture chromosomique [15].
La pourriture grise du raisin est provoquée par le champignon B otrytis cinerea , alors que la maladie mortelle de Pierce est causée par la bactérie Xylella . Ces deux agents phytopathogènes font appel à des enzymes qui dégradent les parois cellulaires des plantes pour envahir les tissus des grappes de raisin. C'est un gène de la poire, codant pour un inhibiteur de l'enzyme de dégradation des parois cellulaires (protéine inhibitrice de la polygalacturonase ) qui a été employé pour transformer génétiquement ces vignes. L'ADN transgénique comprend le promoteur du virus de la mosaïque du chou-fleur, CaMV , un accentueur du TMV, le gène de poire et le terminateur de l'octopine-synthase, accompagné du gène GUS et d'un gène de résistance à la néomycine comme gènes marqueurs pour la sélection des cellules transformées. Il a été rapporté que le raisin transgénique résiste à ces deux maladies bactérienne et fongique [16].
De la vigne a également été modifiée génétiquement pour résister à des insectes, en leur permettant de produire du cyanure d'hydrogène lorsqu'elles sont l'objet d'attaques par des insectes. Les plantes cyanogéniques sont caractérisées par la libération de cyanure HCN au cours de blessures infligées aux tissus végétaux, grâce à une hydrolyse des glucosides cyanogènes . La majeure partie de nos connaissances sur la cyanogénicité vient de la plante Sorghum bicolore qui contient de grandes quantités d'un glucoside cyanogénique : la dhurrin e.
L' acide prussique , ou acide cyanhydrique, est un dérivé du cyanure qui constitue également un sérieux problème potentiel. Les espèces de plantes les plus généralement associées à un empoisonnement par l'acide prussique sont le sorgho, le Johnsongrass [ou sorgho d'Alep] et Sudangrass . Le sorgho-grain présente de manière générale une plus grande propension pour des niveaux toxiques d'acide prussique, que ce que l'on observe chez le sorgho fourrager ou le Sudangrass .
Les niveaux les plus élevés en acide prussique se rencontrent dans les jeunes pousses en croissance qui sont les plus susceptibles d'en contenir. Le cyanure est plus concentré dans de jeunes feuilles que dans des feuilles âgées ou dans les tiges. Le sorgho qui se développe après une période de sècheresse ou de grands froids présente des concentrations élevées en cyanure. En général, n'importe quel état de stress qui retarde la croissance normale des plantes, peut augmenter la teneur en acide prussique. Le cyanure d'hydrogène est libéré quand les feuilles des plantes sont endommagées par le piétinement, une coupe, un écrasement, la mastication ou le fanage. Les plantes rabougries par la sècheresse accumulent le cyanure et peuvent atteindre des niveaux toxiques à la maturité. L'empoisonnement par l'acide prussique est le plus généralement associé à un redémarrage de la végétation par une pluie qui fait suite à une période de sècheresse, ou encore lors des premiers gels d'automne. Les nouvelles pousses émises par des plantes stressées par le froid ou la sècheresse ont un goût agréable, mais elles présentent un taux particulièrement élevé en cyanure. Après un gel destructeur, il convient d'attendre au moins quatre jours avant d'autoriser les animaux à pâturer, afin de permettre au cyanure d'hydrogène libéré de se dissiper.
Un caractère multigénique ou polygénique, qui est responsable de la biosynthèse du métabolite secondaire, le glucoside cyanogénétique dénommé dhurrine , a fait l'objet de modifications génétiques chez la vigne avec trois séquences de gènes du sorgho ( Sorgho bicolore ) : deux cytochromes P450s (CYP79A1 et CYP71E1) et une UDPG-glucosyltransférase (sbHMNGT). La vigne a été modifiée en utilisant un processus en deux étapes, qui impliquait dans un premier temps la transformation de plantes entières, suivie dans un second temps d'une autre transformation qui faisait appel à une bactérie hairy root [provoquant un chevelu racinaire] .
Le processus en deux étapes devait garantir que les plantes entières pouvaient être transformées par la voie de la dhurrine, alors que la transformation secondaire de la culture par hairy root permettait une plus étude fine et plus complète de la dhurrine produite dans les racines, qui visait un moyen de contrôle de l'insecte ravageur des racines : le Phylloxera .
Une ligne produisant de la dhurrine a été examinée et il s'est avéré qu'elle produisait bien du cyanure lors de la macération. La co-culture d'une lignée à racines hairy root cyanogène et d'une lignée non cyanogène en présence de l'insecte qui suce les racines et provoque des galles, le phylloxéra de la vigne ( Daktulosphaira vitifoliae), a démontré que le tissu végétal cyanogène n'était pas protégé contre une infestation par le phylloxéra. Des niveaux uniformément élevés d'accumulation de dhurrine sont sans doute nécessaires pour que la protection puisse être effective [17].
Nous ne sommes sûrs de rien quant aux perspectives finales des vignes génétiquement modifiées, mais nous éviterons certainement de boire du jus et du vin fabriqués à partir de celles-ci, à condition qu'ils soient étiquetés comme tels. S'il arrive que ces produits ne soient pas clairement étiquetés, il se peut que nous n'ayons aucun choix quant à un empoisonnement au cyanure.
La modification génétique des vignes a dépassé la monotonie et la banalité des plantes Bt et de la tolérance à des herbicides que l'on rencontre dans la plupart des plantes vivrières génétiquement modifiées. Un nouvel accent est donné aux gènes et aux protéines synthétiques, ainsi que sur des résistances à des virus qui font appel à des modifications génétiques de la protéine de la capside de virus.
L'introduction d'une toxine cyanogène dans la vigne peut être un signe que les ingénieurs du génie génétique sont de plus en plus audacieux devant la certitude que les autorités chargées de la réglementation sont de leur côté et contre les populations.
Ces nouveaux développements technologiques nous rappellent clairement que, pour le moins, nous avons le plus grand besoin d'un étiquetage des produits génétiquement modifiés, ainsi que d'un nettoyage sérieux des systèmes de réglementation qui devraient être plus rigoureux et moins inconvenants.
Article first published 10/01/07
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