Des études approfondies, commandées par le gouvernement autrichien et réalisées sur de longues durées, révèlent que les souris nourries avec du maïs génétiquement modifié donnent moins de portées et avec des effectifs plus réduits à chacune des portées, comparativement aux souris témoins nourries avec du maïs non dérivé d'OGM. Dr. Mae-Wan Ho
Le texte original en anglais et les références sont accessibles sur le web par : https://www.i-sis.org.uk/GmMaizeReducesMiceFertility.php
Des chercheurs scientifiques autrichiens ont conduit des études et expérimentations à long terme : ils ont montré que des souris nourries avec du maïs OGM présentaient un taux de fécondité considérablement réduit, dans chacune des générations, au cours des trois à quatre cycles de reproduction successifs [1]. Des effets similaires ont été trouvés chez les souris nourries avec du maïs génétiquement modifié et élevées pendant plus de quatre générations, même si les résultats n'ont pas atteint le seuil de signification statistique dans chacune des générations, la tendance était évidente : plus de petits morts et des portées plus faibles en effectifs chez les souris nourries avec du maïs OGM.
Ces études se rapportent à des expérimentations sur l'alimentation qui sont de loin les plus rigoureuses et les plus complètes réalisées à ce jour ; elles confirment les effets délétères sur la reproduction et sur la santé qui ont été enregistrés par des scientifiques indépendants de l'industrie des biotechnologies et des observations des agriculteurs sur le terrain. Pour une revue récente sur ce sujet, voir la référence [2] ] GM is Dangerous and Futile ( SiS 40).Les nouveaux résultats de cette recherche constituent un jalon dans l'évaluation de la sécurité des aliments dérivés d'organismes génétiquement modifiés OGM. La plupart des essais d'alimentation antérieurs avaient été de courte durée et limités à une seule génération, ou à un seul cycle de reproduction. L'étude 'multi-générationnelle' largement citée comme preuve d'absence d'effets néfastes de l'alimentation OGM à long terme, est très trompeuse car l'expérience n'implique pas d'alimentation trans -générationnelle, mais simplement que les souris en expérimentation ne sont pas nourries avec un OGM pendant trois générations, et qu'une expérimentation séparée avec des aliments génétiquement modifiés a été menée pour chaque génération [3] ( Letter to Nature Biotechnology: Systematic bias in favour of no adverse impacts from GM feed , SiS 37). . Il y avait d'autres lacunes graves dans cette expérience, notamment le fait de ne pas avoir vérifié par la technique PCR (réaction en chaîne par polymérase) que la nourriture données aux animaux comportait bien effectivement du soja OGM.
Les nouvelles études ont été commandées par le gouvernement autrichien, il y a plusieurs années, quand il est devenu évident que les essais d'alimentation étaient bien pauvres sur le terrain et que les autorités chargées de la réglementation et des contrôles, dans le monde entier, étaient largement tributaires de la soumission des données par les des entreprises concernées : ces données étaient insuffisantes et peu fiables à de nombreux égards ; mais ces autorités les ont acceptées sans se poser de questions [4] ] ( GM Food Nightmare Unfolding in the Regulatory Sham , une publication scientifique d'ISIS).
Alberta Velimirov de l'Institut de recherche sur l'agriculture biologique (Forschungsinstitut für biologischen Landbau) et Claudia Binter et Jürgen Zentck de l'Institut de la nutrition (Institut für Ernährung), tous basés à Vienne en Autriche, on surveillé les changements dans la morphologie globale, les performances au niveau de la reproduction, et des analyses sous le microscope de tissus et de cellules, ainsi que l'expression des gènes. (Ils n'ont trouvé aucune différence microscopique ou en matière d'immunochimie dans les tissus).
Trois séries d'expériences ont été réalisées. La première concernait une alimentation sur plusieurs générations au cours desquelles les souris ont été nourries et élevées pendant quatre générations successives, à commencer par les parents F0 qui ont été nourris de cette manière dès la naissance.
La deuxième expérimentation portait sur un essai de reproduction sur plusieurs cycles, d'une durée de 20 semaines au cours desquelles les couples de souris ont été nourries à partir d'une semaine avant leur co-habitation et jusqu'à la fin de l'expérience ; les animaux d'expérience avaient la possibilité de se reproduire pendant quatre cycles successifs pour chacune des combinaisons d'accouplement.
Le troisième expérience concernait un essai sur un cycle vital, qui impliquait l'alimentation des souris sans reproduction à la suite de leur conception (par l'intermédiaire des femelles gravides, porteuses de petits) jusqu'à leur mort.
Une souche non consanguine de souris de laboratoire a été utilisée pour toutes les expériences, afin d'éviter les éventuels effets délétères dus à la consanguinité, de sorte que les résultats soient plus généralement applicables à des populations naturelles.
Les chercheurs ont rapporté qu'il ne leur a pas été possible d'obtenir auprès de la société d'agrofourniture concernée, le matériel végétal de l'OGM et de la lignée parentale ; c'est pourquoi les régimes alimentaires étaient composés de 33 pour cent de maïs génétiquement modifié, et qu'il a dû être comparé à une nourriture à base de maïs non génétiquement modifié (également à 33 pour cent dans les préparations de nourriture), qui était étroitement apparenté au maïs génétiquement modifié (OGM).
Les deux sources de matériel végétal ont été cultivées en 2005 et 2007 dans des conditions identiques, dans le Centre d'agriculture biologique du Canada en Nouvelle-Écosse.
Le maïs OGM était l'hybride transgènique MON810 x NK603, contenant trois cassettes de g-nes : deux qui assurent la transmission de la tolérance à la matière active à effet herbicide (glyphosate) et une autre cassette conférant la résistance aux insectes et codant pour la synthèse de l'endotoxine Cry1 Ab . Les teneurs en protéines transgéniques ont été estimées entre 0,11 et 0,24 microgrammes par gramme de grains frais.
L'étude multigénérationnelle incluait également un groupe expérimental avec une variété de maïs non OGM, cultivé en Autriche.
Les herbicides dicamba, atrazine et s-metalochlor ont été utilisés sur les cultures de maïs non OGM, tandis que le glyphosate a été utilisé seulement sur le maïs génétiquement modifié. Les niveaux de contamination par les herbicides des grains de maïs, ont été déterminés comme étant inférieurs à 0,01 pour cent de chacun des herbicides concernés. Ce point est important pour veiller à ce que les effets éventuellement dus aux herbicides, ne puissent pas être confondus avec ceux des aliments génétiquement modifiés donnés aux animaux de labora toire.
Dans l'étude multigénérationnelle, les parents d'une génération donnée ont été nourris depuis leur naissance, avec un régime alimentaire contenant soit du maïs OGM, soit du maïs non OGM : ils ont été reproduits pendant 4 générations. Il a été observé que moins de petits sont nés dans les générations successives, à la fois chez les souris servant de témoins et chez les souris nourries avec du maïs génétiquement modifié ; mais les souris témoins ont une tendance à faire mieux que les nourris alimentées avec l'OGM. La taille moyenne et le poids moyen, ainsi que le nombre de petits sevrés, ont été en faveur du groupe des souris nourries avec du maïs conventionnel, non génétiquement modifié. Aucun des écarts n'a atteint le seuil de signification statistique chez chacune des générations, bien que la tendance soit claire.
Au cours de toutes les générations, presque deux fois plus de petits ont été perdus dans le groupe des souris nourries avec l'OGM, par rapport au groupe témoin (nourri avec du maïs non OGM] (respectivement 14,59 pour cent contre 7,4 pour cent). Il a été dénombré plus portées de 8 petits ou plus dans le groupe témoin, par rapport au groupe des animaux nourris avec du maïs OGM. Enfin, davantage de petits ont été perdus au moment du sevrage chez les animaux nourris avec l'OGM.
La comparaison des poids des organes n'a pas révélé d'effets directs de l'alimentation lors de l'étude multigénérationnelle, sauf en ce qui concerne les reins. Le poids des reins des femelles, alimentées avec l'OGM, a été sensiblement plus faible dans les générations F2, F3 et F4 que chez les souris témoins : de leur côté, les mâles du groupe alimenté avec l'OGM ont présenté également des poids des reins significativement plus faibles que chez les mâles témoins [nourris avec du maïs non OGM], au cours de la génération F2.
Les investigations au microscope électronique ont révélé des différences dans les cellules hépatiques, indiquant une réduction du métabolisme de base chez les souris nourries avec le maïs OGM. En outre, la mise en œuvre de la technique d ' hybridation génomique comparative sur microréseau d'ADN [ voir aussi à puces à ADN , dans la partie Définitions et compléments in fine ] a montré d'importantes différences dans l'expression des gènes entre les deux groupes : animaux nourris avec du maïs non OGM et animaux nourris avec du maïs génétiquement modifié.
Dans l'expérimentation d'élevage multi-cycles, les mêmes différences entre souris nourries à l'OGM et les témoins nourris sans OGM, étaient évidentes : des niveaux statistiquement significatifs dans les descendances de 3ème et 4 ème générations. Il y avait clairement moins de portées et des effectifs plus faibles dans les portées chez les souris nourries avec l'OGM en question.
Le nombre moyen de petits nés a toujours été inférieur chez les souris nourries au maïs OGM ; le niveau de signification statistique n'a pas éré atteint avant les 3éme et 4ème cycles de reproduction. Le nombre de petits au moment du sevrage a également été toujours plus faible dans le groupe des souris alimentées avec l'OGM. Au cours de toutes les séries de reproductions, plus de petits sont nés dans les groupes témoins [souris nourries sans OGM] que dans le groupe de celles qui furent alimentées avec du maïs OGM : respectivement 1035 petits contre 844 dans l'autre cas).
Conformément à ces conclusions, l'essai sur les régimes alimentaires et portant sur la durée de vie des animaux, n'a révélé aucune différence significative dans la durée de vie moyenne chez les souris alimentées avec l'OGM, par rapport aux souris témoins nourries sans OGM.
Dans la génération F3 de l'expérimentation multigénérationnelle, des analyses faisant appel aux microréseaux d'ADN, ont été effectuées sur la partie inférieure du petit intestin. Ces analyses ont permis d'identifier 2.374 gènes qui ont été exprimés de façon anormale et significative chez les souris nourries à l'OGM, par rapport aux souris alimentées avec du maïs non OGM : 421 de ces gènes ont montré des changements 2 fois plus marqués ou plus, que chez les animaux témoins.
Ces gènes altérés représentent 3,2 pour cent de l'ensemble des 13.034 gènes exprimés dans le bas intestin grêle. Les effets observés sur la reproduction et les autres caractères, pourraient n'être que la pointe émergée de l'iceberg, en ce qui concerne les changements épigénétiques concernés. Les impacts pourraient être plus manifestes au cours de davantage de générations d'animaux nourris avec une alimentation dérivée d'OGM.
Les gènes en question ont été classés d'après leurs fonctions et il est apparu que ces gènes sont prédominants dans les voies de biosynthèse des protéines, dans le métabolisme et la modification des protéines, ainsi que dans la signalisation de l' interleukine et dans la biosynthèse du cholestérol.
Épigénétique - l'étude des changements héréditaires dans l'expression des gènes qui n'impliquent pas de modifications dans les séquences d'ADN - est une discipline qui atteint sa maturité, avec de plus en plus d'applications en toxicologie, pour les cancers, la nutrition, le cerveau, ainsi que dans les sciences du comportement [5-8]. Un changement dans notre nourriture, aussi exagéré et fondamental que les aliments génétiquement modifiés, ne peut pas être exercé sans études approfondies et à long terme, du type de celles qui ont été menées par les chercheurs scientifiques autrichiens, en particulier à l'aide d'analyses qui font appel aux puces à ADN , à la protéomique et le profilage métabolique , qui sont maintenant des méthodes et techniques de routine, aussi bien dans les laboratoires et que pour des études sur le terrain.
Article first published 19/11/08
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