I-SIS Special Miniseries
Save Our Oceans, Save Our Planet
Les pollutions, une surpêche destructrice et une exploitation commerciale croissante menacent le berceau de la vie de la planète, nous avertit l'ONU. D’après Dr. Mae-Wan Ho
Le texte original en anglais et les références sont accessibles sur le web par : https://www.i-sis.org.uk/OceansInDistress.php
La pollution et la surpêche endommagent les océans, en particulier dans les grandes profondeurs, selon une mise en garde de l'ONU dans un nouveau rapport [1-3]. Le temps est compté pour les sauver et une législation est nécessaire de toute urgence pour mettre un terme à cette destruction délibérée de ce "berceau de la vie" de la planète. [voir aussi dans la rubrique ‘’Vie sur Terre’’ » qui figure ci-après dans « Définitions et compléments’ in fine].
Plus de 90 pour cent de la biomasse de la Terre (en poids de la matière vivante) se trouvent dans les océans et 90 pour cent de cette masse sont composés d’espèces microbiennes, d’êtres unicellulaires. Alors que 90 pour cent des océans restent encore à explorer, l'ampleur de la dévastation en cours est déjà devenue trop évidente.
En 2005, 84,5 millions de tonnes de poissons avaient été prélevées dans les océans du monde, 100 millions de requins et d’espèces apparentées ont été massacrés pour leurs ailerons, 250.000 tortues se sont empêtrées dans les équipements de pêche et 300.000 oiseaux, dont 100.000 albatros, ont été tués par les activités illégales de pêche avec de longues lignes. Dix-neuf des 21 espèces d'albatros sont maintenant menacées d'extinction.
Pendant la même période, 6,4 millions de tonnes de déchets furent jetés dans les océans, et 38.000 pièces de déchets en plastique flottent sur chaque kilomètre carré. Il y a jusqu'à 6 kg de déchets dans les milieux marins pour chaque kilo de plancton.
Seulement un pour cent des 3,5 millions de bateaux de pêche du monde sont de grands navires industriels, mais ils chalutent 60 pour cent de tous les poissons capturés sur la planète. La pêche industrielle a déjà provoqué l'épuisement des stocks mondiaux de thon, de morue, d'espadon et de marlin, soit près de 90 pour cent au cours du siècle dernier.
S’ajoutant à la pression exercée sur les stocks de poissons des océans, l'ONU estime qu’une valeur de près de 10 milliards de dollars de poissons sont pêchés illégalement chaque année, et jusqu'à 30 pour cent proviennent des eaux non réglementées.
La température de l'eau a augmenté alors que son alcalinité a diminué du fait d’une absorptiob de dioxyde de carbone supplémentaire. Les récifs coralliens au large de l'Australie et de Belize sont mourants, et des récifs coralliens récemment découverts dans des eaux froides de l'Atlantique ont déjà été détruits par les filets de pêche en profondeur.
Le rapport des Nations Unies couvre un large éventail d'activités humaines qui portent dommagre aux océans, y compris les exercices navals avec des radars sonores qui tuent les baleines en masse.
Kristina Gjerde, conseiller pour les politiques concernant la haute mer, dans le cadre du programme marin mondial, de l'Union internationale pour la Conservation, qui a rédigé le rapport, rapporte ceci : « Autrefois limitées essentiellement à la navigation et à la pêche en haute mer, les activités commerciales en mer sont en pleine expansion et se pratiquent toujours plus profondément ».
La pêche en haute mer a plus que doublé, passant de cinq pour cent du total mondial des captures en 1992, à près de 11 pour cent en 2002. Les espèces vivant dans les eaux profondes ont tendance à se développer lentement et à avoir des cycles de vie sur de longues durées ; lorsqu'elles sont surexploitées ou détruites par les activités commerciales, ces espèces prennent beaucoup de temps pour récupérer le cas échéant.
L’ Hoplostète orange, un poisson d'eau profonde, arrive à maturité à environ 32 ans. Un spécimen de près de 240 ans a été trouvé. Les pêcheries en eaux profondes culminent en moins de 5 ans et elles s’effondrent dans les 15 ans. Les pêches de l’ Hoplostète orange dans les eaux non réglementées de l'océan Indien du Sud-Ouest, se sont effondrées en moins de 4 ans.
D’autres utilisations commerciales des océans profonds sont aussi en expansion. Vingt à 30 pour cent du pétrole utilisé aux États-Unis provient du plateau continental du Golfe du Mexique, mais 50 pour cent de la superficie louée dans le golfe du Mexique se trouvent dans les eaux profondes. Un premier puits d'exploration a été foré dans l'eau à plus de 3.000 mètres de profondeur. Sept des 20 plus grands gisements de pétrole qui sont loués aux Etats-Unis se trouvent maintenant sur les aires d'eaux profondes fédérales.
Ce que le rapport n'a pas dit, c'est que le réchauffement climatique dégèlent les calotes polaires, et que les géants pétroliers recherchent des sites pour la prospection de pétrole et de gaz sous l'Océan Arctique [4] ] (How to be fuel and food rich under climate change).
Comme il n'existe aucun accord international sur la zone, le secteur est libre pour tout le monde. Les différends territoriaux ont augmenté entre les huit pays qui peuvent prétendre à l'Arctique: la Russie, les Etats-Unis, le Canada, la Norvège, le Danemark, la Suède, le Groenland et l'Islande.
Une série de nouvelles exploitations de l'océan profond sont déjà en cours : l'exploitation minière des grands fonds marins, la bio-prospection pour les microbes ayant des intérêts commerciaux, le stockage de carbone par l'injection de dioxyde de carbone dans l'eau de mer profonde ou sous les fonds marins, et le pompage des eaux océaniques profondes pour alimenter des équipements collectifs de climatisation, l’aquaculture, etc…. (The blue revolution: air conditioning and energy from deep waters of lakes and oceans, this issue).
Toutes ces nouvelles formes d’exploitation des mers menacent la fragile biodiversité des communautés marines de haute mer, à des degrés différents. Au moins la moitié des espèces qui vivent là reste à identifier, beaucoup sont uniques dans chacune des strates profondes et dans les reliefs des fonds sous-marins, sans parler des sources hydrothermales à 450° C qui abritent certaines espèces à croissance rapide et d’autres espèces extrêmement rares dans ces milieux, qui prospèrent à partir de l'énergie chimique plutôt que de dépendre de la photosynthèse pour leur nourriture.
Le changement climatique rend les efforts de conservation plus importants encore, car 60 pour cent de l'univers marin se situe au-delà des limites de juridiction nationale et est vulnérable à l'exploitation commerciale. Achim Steiner, directeur exécutif du programme environnemental de l'ONU appelle les gouvernements à élaborer des directives, des règles et des actions qui sont nécessaires d'urgence pour protéger la riche biodiversité de nos océans.
La pollution, la surpêche et l'exploitation commerciale ne sont pas les seules menaces qui pèsent sur nos océans. Il y a aussi des signes pour que la vie marine ne parvienne pas à se maintebir au bas de la chaîne alimentaire, du fait du réchauffement climatique : cela pourrait mettre en route une série d'effets de rétroaction, susceptibles d’aggraver encore le changement climatique (voir les articles Oceans and global warming, Oceans carbon sink or source? .
Nous devons désormais sauver nos océans pour sauver notre planète
http://www.greenpeace.org/international/campaigns/save-our-seas-2
Article first published 20/07/06
Got something to say about this page? Comment