Science in Society Archive

Des scientifiques et des députés européens se prononcent pour une Europe sans OGM

Des chercheurs scientifiques, des députés, Membres du Parlement Européen, des agriculteurs et des citoyens indépendants se sont réunis au Parlement Européen pour condamner les OGM ; l'Autorité Européenne pour la Sécurité Alimentaire doit être poursuivie en justice. Compte-rendu de réunion par Sam Burcher et Dr. Mae-Wan Ho

Le texte original en anglais et les références sont accessibles sur le web par : https://www.i-sis.org.uk/Scientists_for_a_GM_free_Europe.php

Le 12 juin 2007, lors d'une rencontre spéciale au Parlement Européen à Bruxelles, des chercheurs scientifiques de six pays ont rejoint des députés, Membres du Parlement Européen, pour réclamer une interdiction, au niveau européen et mondial, de la mise en culture de plantes génétiquement modifiées (OGM).

La rencontre était organisée par l'ISIS [Institut pour la Science dans la Société], Third World Network [le Réseau du Tiers Monde] et Green Network [le Réseau Vert] ; les participants ont été accueillis par Janusz Wojciechowski, député européen, vice-président de la Commission de l'Agriculture et du Développement Rural pour l'Union Européenne.

Cette séance a coincidé avec la sortie de deux publications scientifiques qui sont fondamentales : GM Food Nightmare Unfolding in the Regulatory Sham (ISIS scientific publication) [1] et New Analysis of a Rat Feeding Study with a Genetically Modified Maize Reveals Signs of Hepatorenal Toxicity (CRII-GEN) [2], dont la version en français intitulée : " Une nouvelle analyse d'une étude avec des rats nourris d'un maïs génétiquement modifié révèle des signes de toxicité hépatoriale ", est accessible sur le site suivant : www. criigen .org/

Cette réunion a porté sur la façon dont les autorités nationales et internationales, qui sont chargées de la réglementation et des contrôles, avaient ignoré une évidence flagrante à propos de la sûreté et de la sécurité alimentaire relative aux OGM, tout en s'entendant avec les secteurs industriels concernés, pour manipuler des résultats de la recherche scientifique afin de favoriser les plantes cultivées génétiquement modifiées.

Les publications ont été présentées lors de la rencontre, ainsi qu'un dossier complet contenant plus de 160 articles entièrement référencés, provenant des archives de la revue Science in Society [La Science dans la Société] et donnant toutes des informations sur des risques graves qui ont été ignorés, la fraude de nature scientifique, la feinte de la réglementation et la violation des droits des agriculteurs [3] ( GM Science: Hazards Ignored, Fraud, Regulatory Sham, and Violation of Farmers' Rights , ISIS CD Book, 2007 ).

Tous les députés européens qui ont pris la parole ont remercié l'ISIS d'avoir introduit la discussion sur un sujet scientifique aussi crucial que celui des plantes génétiquement modifiées, une opinion qui était largement partagée par les autres membres du Parlement Européen et les personnes du public qui ont assisté à la rencontre.

Le paradoxe du débat sur les OGM

Le député européen Janusz Wojciechowski, [voir Note d'information in fine ], qui a présidé la réunion, s'est référé au paradoxe du développement rural à propos du débat sur les plantes OGM dans l'Union Européenne (UE). Lorsque les modes d'agriculture conventionnelles et biologiques sont concernées, il y a des mouvements politiques pour réduire la production des récoltes de fruits et de légumes, mais lorsque les plantes cultivées génétiquement modifiées sont concernées, une pression s'exerce pour augmenter les productions destinées aux consommateurs. Il a notamment déclaré, pour moi, il est évident que des décisions sur les OGM doivent être basées sur l'opinion publique et je fais tout mon possible à cet égard, en tant que l'un des décideurs au sein de l'Union Européenne pour sauvegarder avant tout la santé des citoyens.

Jill Evans [voir Note d'information in fine ], une députée européenne du parti " Plaid Cymru ", le "P arti du pays de Galles " et membre du " Groupe des Verts/Alliance libre européenne ", aborde le thème de l'influence excessive de la campagne des partisans des OGM aux Etats-Unis : lors de la campagne des opposants aux OGM, il a fallu travailler dix fois plus durement pour se faire entendre. Elle a expliqué qu'en tant que députée européenne, ma mission est d'écouter ce que mes compatriotes du Pays de Galles me disent et de présenter leurs points de vue au niveau de l'Union Européenne. Et il est clair qu'il y a une opposition très marquée vis-à-vis des OGM au Pays de Galles. Nos activités agricoles et agro-alimentaires, la sûreté et la sécurité alimentaire et notre environnement sont sous la menace des plantes cultivées génétiquement modifiées et des aliments dérivés d'OGM qui sont destinés aux êtres humains et aux animaux. Nous devons maintenir le Pays de Galles sans OGM et obtenir une interdiction européenne des plantes cultivées génétiquement modifiées .

L'opposition aux plantes OGM a commencé au Pays de Galles au cours de l'année 2000, sous la pression de 80 producteurs de l'agriculture biologiques, contre des essais aux champs de plantes transgéniques qui ont été réalisés dans le comté de Pembrokeshire : cela a attiré la pression locale et l'intérêt des membres de tous les partis politiques.

L'Assemblée Nationale du Pays de Galles avait également voté contre les plantes OGM mais, en 2001, le gouvernement britannique a donné le feu vert pour ces dernières. C'est alors qu'a été mise en place la campagne contre les OGM par le groupe Cymru et il n'y a plus eu de cultures de plantes OGM au Pays de Galles depuis cette époque.

Jill Evans a insisté sur le fait que l'Assemblée Nationale est proactive [se reporter à ce qualificatif dans ' Documents et compléments en français ' , in fine ] dans l'Union Européenne et qu'elle a rejoint des réseaux qui se veulent libres vis-à-vis des OGM, mais elle estime que la décision des Gallois concernant les plantes génétiquement modifiées, ainsi que les responsabilités résultant de la contamination des cultures indigènes locales, devraient être prises au Pays de Galles par son propre Comité Consultatif et non pas comme cela se fait actuellement, par l'administration DEFRA ( Department for Environment, Food and Rural Affairs ), le Ministère de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales pour le Royaume-Uni.

Elle a annoncé que le Pays de Galles est favorable à l'affirmation de ses droits pour des zones franches sans OGM, selon les souhaits du peuple Gallois et elle a soutenu les preuves scientifiques présentées lors de cette rencontre ; elle se voue activement au maintien à l'ordre du jour des zones sans OGM, aussi bien au Pays de Galles que dans toute l'Europe.

Il faut continuer le combat pour une Europe sans OGM

La Dr. Caroline Lucas, [voir Note d'information in fine ], députée européenne "Verts" pour le Sud-Est de l'Angleterre, a approuvé la position ferme de tous les intervenants dans la salle et elle a en particulier annoncé : Nous avons de bonnes raisons pour soutenir le combat pour maintenir l'Europe sans OGM ; il est tragique que ce combat soit si implacable, non seulement en dépit de l'évidence qui s'est rapidement accumulée en notre faveur et de la très grande pertinence du principe de précaution, mais en dépit également d'une opposition publique qui est manifestement contre les OGM . Les sondages d'opinion publique prouvent uniformément que 70 pour cent ou plus des consommateurs en Europe ne veulent pas manger d'aliments issus de plantes génétiquement modifiées ; plus de 170 régions et 4.500 autres zones appartiennent aux régions européennes qui se sont déclarées "libres d'OGM ", ou sans OGM, lors d'une rencontre à Florence en 2005 [on peut accéder à la "Charte de Florence" dans la partie 'Définitions et compléments' in fine ].

En dépit des interdictions nationales des OGM dans 11 pays européens, la Commission Européenne, qui est grandement irresponsable, a levé le moratoire de fait en 2003 et elle a autorisé au moins 18 variétés de plantes cultivées génétiquement modifiées dans l'Union Européenne, et 12 autres sont en attente d'autorisation.

Les bonnes nouvelles sont que beaucoup de gouvernements nationaux sont sceptiques ; par exemple la Bulgarie a adopté une Loi sur les OGM qui est strictement basée sur le principe de précaution et la Hongrie déclare que la production des plantes génétiquement modifiées n'entre pas dans le cadre de ses intérêts économiques, environnementaux, sanitaires ou sociaux. Le Dr.Lucas a critiqué l'Autorité européenne de sûreté des aliments ( EFSA ) ; cet organisme européen est censé offrir la preuve, par une expertise indépendante et scientifique, sur le risque en matière de sûreté de produits alimentaires issus d'OGM, mais elle a échoué dans sa mission depuis qu'il a été instituée en 2002.

Le Dr. Caroline Lucas a également critiqué l‘organisation EFSA ( European Food Safety Authority ], l 'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments, pour sa collusion avec les sociétés de biotechnologies et de semences, en donnant des avis positifs très laxistes et libéraux, à leurs demandes pour la dissémination et la mise en marché ; également pour avoir hésité à commissionner ou à conduire des études indépendantes, ainsi que pour l'acceptation de la notion d' " équivalence en substance " dans des évaluations de sûreté , même dans le cas des hybrides créés à partir de deux ou trois lignées génétiquement modifiées. Enfin elle a critiqué le statut d' " information commerciale confidentielle qui a été donné à des dossiers qui sont alors tenus en dehors de tout examen minutieux par le public et qui viole directement les dispositions de la Convention d'Aarhus (une Commission économique des Nations Unies pour l'Europe, ou accord de l'UNECE, qui relie l'environnement avec des droits de l'homme). Le Dr. Caroline Lucas s'est aussi référée à l'exemple du maïs MON863 qui avait été approuvé et autorisé pour l'alimentation des êtres humains et des animaux sur la seule base des données fournies par la société Monsanto elle-même.

La tournure finale de la campagne agressive, menée par les Etats-Unis, le Canada et l'Argentine, pour forcer l'Europe à ouvrir sa porte aux OGM par l'intermédiaire de l' OMC , a mal tourné quand l'OMC a confirmé les droits de l'Europe à se protéger contre les OGM ; l'intervenante, le Dr. Caroline Lucas, a rappelé à ses auditeurs et réaffirmé le besoin d'un système clair et précis qui fixe les responsabilités lorsqu'une contamination se produit et qui doit être ancrée sur le " principe pollueur-payeur ".

Les OGM sont un crime contre l'humanité

La Dr. Mae-Wan Ho , directrice de l' ISIS , a dressé un vaste panorama des raisons pour lesquelles le monde doit être libre d'OGM, sans OGM. Son message principal a été le suivant : Les OGM sont non seulement dangereux pour la santé et mauvais pour l'environnement, mais ils endommageront en plus sévèrement nos chances de survie face au réchauffement planétaire . Les plantes cultivées génétiquement modifiées ont besoin de plus de carburants fossiles et d'eau pour se développer, ressources qui sont toutes deux en diminution rapide. L'Europe n'a pas les moyens de perdre plus de temps et de ressources autour des OGM : nous devons commencer à investir dans les systèmes énergétiques et alimentaires soutenables dès maintenant .

Après 30 ans d'OGM, il n'y a eu aucune augmentation des rendements, aucune réduction de l'utilisation des pesticides, tandis que l'épuisement des forêts continue, pour implanter des plantes génétiquement modifiées ; maintenant la déforestation est consécutive aux cultures destinées à produire des biocarburants . Mais surtout, 100.000 fermiers se sont suicidés en Inde entre 1993 et 2003, - ce qui coïncidait à l'introduction des plantes génétiquement modifiées - et 16.000 de plus sont morts chaque année depuis cette période.

Les membres de l'assistance ont eu le souffle coupé avec l'approbation de son acte d'accusation explicite contre les modifications génétiques : Les OGM sont un crime contre l'humanité . Néanmoins, Mae-Wan Ho a été encouragée par les actes récents qui ont été rendus [par des tribunaux] aux Etats-Unis contre la légalité des plantes génétiquement cultivées et par toute une série d'interdictions qui ont été imposées l'année dernière dans beaucoup de pays à travers le monde [4] (voir l'article : No to GMOs, No to GM Science , dans la revue Science in Society N° 35).

Le soja génétiquement modifié est un cauchemar pour les rats

La Dr. Irina Ermakova , de l'Académie des Sciences Russes, a rappelé qu'elle a commencé des expériences il y a quelques années, lorsqu'elle a entendu et lu beaucoup de rapports positifs au sujet des plantes génétiquement modifiées d'un peu partout dans le monde, mais qu'il n'y avait pratiquement aucun rapport sur tous les effets négatifs [des OGM]. Au moins jusqu'à ce qu'elle découvre la déclaration de chercheurs scientifiques du monde, World Scientists, sur le site Internet de l''ISIS ( https://www.i-sis.org.uk/list.php ), qui a souligné les dangers des OGM.

Elle a été choquée de constater que les plantes génétiquement modifiées étaient nocives pour les papillons et d'autres insectes pollinisateurs ; c'est alors qu' elle a décidé de faire quelques expériences sur des mammifères pour étudier les effets du soja génétiquement modifié sur leur santé. La différence principale entre ses expériences et celles des sociétés de biotechnologies et de semences, repose sur le fait qu'elle a utilisé, pour ses travaux, des rats femelles avant, pendant et après la grossesse sur plus de cinq générations.

Irina Ermakova rapporte que Plein de choses ont mal tourné pour les rates qui recevaient du soja génétiquement modifié. Elles sont devenues plus impatientes et agressives ; il y avait une mortalité élevée des petits rats provenant des femelles dans la première génération, puis des perturbations des fonctions reproductrices et des changements pathologiques au niveau des organes internes chez les mâles et femelles .

Elle a également montré à l'assistance une abondante série de preuves photographiques concernant des petits rats mal formés, bloqués dans leur croissance, malades (y compris certains avec des lésions cancéreuses) et morts, dont les mères avaient été alimentées avec du soja Roundup Ready de Monsanto.

Les participants, quelque peu assommés par l'information, n'ont plus eu aucun doute pour reconnaître que quelque chose avait terriblement mal tourné et qu'une interdiction pressante de la vente de soja génétiquement modifié devrait être imposée plutôt que de laisser l' EFSA , l' Autorité européenne de sécurité des aliments , et les autres agences gouvernementales et les autorités chargées de la réglementation et des contrôles, continuer ainsi avec leur laxisme et leur aveuglement.

Les résultats de la recherche appliquée des sociétés sont contredits par un examen minutieux effectué dans le cadre d'une démarche scientifique indépendante

Christian Velot Dr., maître de conférences en génétique moléculaire à l'Université de Paris Sud, France, informe l'auditoire : Pratiquement, toutes les études qui ne trouvent aucun effet des aliments issus d'OGM chez les humains ou les animaux, sont faites par des sociétés qui recherchent une autorisation de mise en marché ou qui sont financées par elles. Cette recherche n'est tout simplement pas réalisée avec minutie dans un cadre scientifique indépendant et les autorités en charge de la réglementation font courir aux populations de graves risques sanitaires en acceptant et en prenant en compte de tels résultats de recherche .

C'est pourquoi il a rejoint d'autres scientifiques français pour établir le Comité pour la Recherche et l'Information Indépendante sur la Génétique ( CRII-GEN , France) depuis juin 2005.

Les scientifiques du CRII-GEN se sont attachés au contrôle d'autres travaux de recherche, effectués par des sociétés en vue d'obtenir l'autorisation la mise sur le marché d'aliments issus d'OGM et destinés aux êtres humains et aux animaux. Ils ont trouvé des signes de toxicité au niveau du foie et des reins chez les rats nourris avec le maïs génétiquement modifié MON 863 de Monsanto : ces faits ont été ignorés à la fois par la société en question et par l' EFSA [2, 5] ( GM Maize MON 863 Toxic , SiS 34).

Les chercheurs du CRII-GEN ont ensuite analysé encore une autre étude qui se rapporte à une nourriture avec le maïs génétiquement modifié NK603 de Monsanto. Il a été trouvé dans les résultats de la société eux-mêmes, 60 différences significatives entre les rats qui ont été alimentés avec le maïs génétiquement modifié et ceux qui avaient reçu le maïs non modifié génétiquement, au niveau du rein et du foie, ainsi que du poids corporel [6].

Mais ces différences ont été ignorées et le maïs a reçu en 2004 l'autorisation de commercialisation dans l'Union Européenne. Le Dr. Christian Velot a réaffirmé le besoin d'une recherche scientifique au contact de la société, afin de s'opposer aux industriels qui traitent le consommateur comme un rat de laboratoire et la planète comme un banc d'essai .

L 'EFSA , l' Autorité Européenne de Sécurité des Aliments, va être poursuivie en justice à propos des OGM

Urs Hans, producteur en agriculture biologique en Suisse et militant contre les OGM, a apporté des informations concernant l' EFSA . Il représente une coalition d'organisations non gouvernementales, des associations d'agriculteurs, des avocats, des universitaires des secteurs scientifiques et juridiques, des professeurs, des chercheurs scientifiques, des journalistes, des directeurs de film, des groupes religieux, etc… d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse ; cette coalition prévoit de monter des "procédures de litiges très approfondies" contre le déploiement des OGM en Europe.

Parmi ses cibles se trouvent l' EFSA et d'autres organismes européens de réglementation, à cause de leur appui illégal au lobby des partisans des OGM et pour une infraction en matière de sûreté et de sécurité alimentaire. La coalition inclut Greenpeace Allemagne et les principaux représentants de Greenpeace en Europe, des personnalités politiques d'Autriche et un professeur allemand de droit constitutionnel de haut niveau, enseignant à Munich.

Le principal think tank légal allemand, l'Institut de Tübingen pour la protection de nature et la loi de protection de la nature, a fourni à la coalition une vue d'ensemble des stratégies légales possibles, des poursuites judiciaires et les procès sont représentés par le principal cabinet juridique allemand à Hambourg, qui s'est spécialisé dans le droit en matière de génétique.

On peut consulter le site Internet et si vous souhaitez être impliqués, vous pouvez entrer en contact à partir de l'un ou l'autre des sites de Urs Hans: www.publiceyeonscience.ch ; www.bauernverstand.ch.

Urs Hans a été formé à l'agriculture au Canada et il a ensuite conduit sa propre ferme. C'est alors qu'il a noté que les insecticides organophosphoriques recommandés par le gouvernement régional pour le traitement des parasites ont rendu ses animaux malades. Pendant la crise de l' ESB , les organophosphoriques ont été strictement imposés aux fermiers, que leurs vaches soient infectées ou pas. Hans a jugé qu'il était poussé à employer ces substances chimiques pour soutenir les intérêts économiques du gouvernement régional. Il a pris la décision de cesser l'emploi des organophosphoriques et il a été poursuivi à trois reprises pour son refus, mais il a gagné à chaque fois.

Hans constate que les plantes génétiquement modifiées sont imposées aux agriculteurs et aux consommateurs au nom du même impératif économique et technologique de l'agriculture chimique intensive qui l'a forcé à employer des organophosphoriques. En fin de compte, c'est l'agriculteur qui paye cet impératif avec sa santé, la santé de ses animaux, les dettes qui s'accumulent dans une spirale infernale par l'achat des intrants qu'il ne peut plus se permettre et la perte de ses moyens d'existence. Il a été bien inspiré de quitter sa ferme pour venir à la rencontre de Bruxelles afin entendre une évidence scientifique sérieuse pour soutenir une affaire juridique contre l' EFSA ; il a été très satisfait de ce qu'il a entendu là.

Les abeilles sont affectées par des biopesticides dans le cas des plantes cultivées BT, génétiquement modifiées

Le Professeur Joe Cummins, professeur honoraire de génétique à l'Université de l'Ontario occidental, au Canada, est un militant de longue date contre la corruption dans la recherche scientifique, au nom de la société et de l'environnement ; il a mené le combat avec une approche scientifique contre les modifications génétiques avec l'Institut ISIS depuis que celui-ci a débuté en 1999.

L'effondrement des colonies d'abeilles dans le monde entier est très vraisemblablement une combinaison de différents facteurs, le plus important d'entre eux étant relatif à des concentrations sub-léthales des insecticides employés, et en particulier, d'une classe de nouveaux pesticides systémiques du groupe des néonicotinoïdes qui sont couramment employés pour l'enrobage des semences et dans les pulvérisateurs sur les plantes cultivées, ainsi que les rayonnements de micro-ondes qui proviennent des émetteurs de téléphone sans fil et des stations de base des antennes relais. Il a été formulé une suggestion selon laquelle des champignons unicellulaires, tels que Nosema sp. , pourraient être le principal coupable [7] ( Parasitic Fungus and Honeybee Decline , SiS 35).

Cependant, Joe Cummins a présenté une hypothèse convaincante d'après laquelle des niveaux sub-léthaux des pesticides, y compris les biopesticides de Bt produits dans les plantes génétiquement modifiées – qui couvrent 30 pour cent des surfaces mondiales des cultures d'OGM -, pourraient agir en synergie avec le champignon Nosema sp. en tuant les abeilles. Nosema et d'autres champignons parasites sont également employés couramment en tant qu'agents biologiques dans la lutte contre des insectes parasites ( Parasitic Fungi and Pesticides Act Synergistically to Kill Honeybees? SiS 35).

Le Professeur Joe Cummins s'est exprimé ainsi, l'abeille est un pollinisateur important de nos plantes vivrières et sa disparition est un grand avertissement que l'extinction de l'espèce humaine n'est peut-être pas si lointaine . Que pouvons-nous faire pour sauver l'abeille ? Joe Cummins conclut en trois points succincts pour la survie future de l'humanité : le premier est d'éliminer les pesticides systémiques du groupe des néonicotinoïdes, la seconde est d'éliminer les plantes cultivées Bt génétiquement modifiées. Il a provoqué un éclat de rire chaleureux avec sa troisième suggestion qui est sa favorite : le remplacement de tous les bureaucrates qui ne veulent pas entendre parler de la situation critique de la nature, lorsqu'ils se prononcent en faveur des biotechnologies et de l'industrie agrochimique.

Hiltrud Breyer , Députée, membre du Parlement Européen de Strasbourg, est intervenue à partir de la salle d'audience pour demander ce qui pourrait être fait en Europe pour sauver les abeilles. Le Dr. Mae-Wan a suggéré qu'une motion d'urgence pouvait être déposée auprès de la Commission européenne, sur la base de la présentation du Professeur Joe Cummins.

Le génie génétique est une arme globale de destruction massive

Le Dr. Zbigniew Halat, président de l'Association pour la protection de la santé des consommateurs en Pologne, un médecin généraliste et ancien député, Ministre de la Santé en Pologne, a indiqué de son côté : Je crois que les problèmes posés par le génie génétique sont mondiaux. C'est la prolifération d'un genre d'arme biologique de destruction massive . Le Dr.Halat a critiqué le seuil pour la contamination des plantes génétiquement modifiées, fixé [dans l'Union Européenne] a 0,9 pour cent, ou même 0,1 pour cent, ce qui est un non-sens. Il a mis en garde sur le fait que même une seule molécule est capable de causer une réaction anaphylactique (dite aussi choc toxique) et de tuer quelqu'un qui y est allergique.

Il croit qu'il y a un lien de causalité entre la contamination des plantes génétiquement modifiées et le taux croissant des allergies qui ont doublé en 10 ans. Il a argué du fait que les études des incidences locales des réactions allergiques causées par le maïs génétiquement modifié, - cultivé aux Philippines - par le Professeur Terje Traavik of Genk, à l'université de Tromsø, en Norvège ( GM Ban Long Overdue , SiS 29), nous ont fourni une preuve empirique contre les plantes OGM cultivées. En outre, comme il n'a pas été médicalement prouvé que les aliments issus d'OGM sont sûres en matière de sécurité alimentaire, il est important que nous continuions à employer des sondages d'opinion pour évaluer les soutiens des populations et à réaliser des études épidémiologiques pour vérifier leur innocuité.

Le Dr. Zbigniew Halat suspecte même une relation entre les OGM et l'augmentation des cas de cancers, la résistance aux antibiotiques et l'épidémie d'obésité. D'un point de vue médical, dit-il, nous ne pouvons pas attendre la manifestation des maladies et des décès à cause des OGM ; nous devons avoir la preuve que l'alimentation issue d'OGM, et destinée aux humains et aux animaux, est bonne pour la santé et sûre du point de vue de la sécurité alimentaire. En conclusion, nous devons être attentifs aux questions morales et éthiques autour du génie génétique : ceci n'est pas le travail des producteurs d'aliments, mais des services publics et des autorités qui sont chargées de protéger notre santé contre les maladies.

Les ressources génétiques du monde sont menacées par des voleurs de matériel dans les banques de semences

Le Dr. Pietro Perrino de l'Institut de génétique végétale à Bari, en Italie, a raconté la sale histoire de la destruction des semences et du germoplasme conservés dans les banques de semences , ( genebanks en anglais), suite à l'apparition du génie génétique dans le monde entier. D'une part, les ingénieurs généticiens ont impitoyablement pillé les semences et le germoplasme maintenus dans les banques de semences, pour exploiter des gènes, des séquences d'ADN et les variétés qu'ils font breveter à travers des actions de biopiraterie . D'autre part, ils s'entendent pour la destruction des banques de semences elles-mêmes ( SOS: Save Our Seeds , Italy's Genebank At Risk , SiS 27).

Le Dr. Perrino a expliqué comment les banques de semences ont été amenées à la nécessité de rassembler, de conserver et de protéger la diversité des plantes cultivées en raison de l'érosion génétique qui est provoquée par les révolutions agricoles et agroalimentaires qui ont tenté d'augmenter les rendements des cultures par des monocultures d'un nombre limité d'espèces et de variétés cultivées. Au cours des quarante dernières années, 1.400 banques de semences ont été créés pour compenser les effets négatifs de la " révolution verte ". Cependant, le deuxième génération de la "révolution génétique" avec laquelle de nouvelles variétés peuvent être créées en prenant des gènes à partir de n'importe quel organisme : animal, champignon, plante, microorganisme ou virus, pour créer de nouvelles plantes, sont une menace directe pour les vastes ressources génétiques .

Le Dr Perrino a déclaré : nous avons un besoin urgent de protéger les banques de semences car elles pourraient bien constituer l'unique source de lots de semences non contaminées dans le monde. C'est peut-être la raison pour laquelle les industries biotechnologiques et leurs supporters sont si prompts à les voir disparaître, après qu'elles aient séquencé les génomes et breveter les gènes .

Il a en outre invité les autorités chargées de la conservation des plantes in situ, les producteurs de l'agriculture biologique, les réserves naturelles et les organismes de conservation de la nature, à combattre ce qu'il appelle les "voleurs des banques de semences", ces ingénieurs généticiens qui cherchent à remplacer les banques de semences par des banques d'ADN remplis de ressources végétales synthétiques qui sont non seulement inutiles, mais qui sont également dangereuses pour la biodiversité et pour la santé des organismes vivants, y compris les êtres humains.

L' USDA , le Département de l'Agriculture des Etats-Unis, approuve et autorise les OGM sous la pression de la société Monsanto

Le journaliste et écrivain Jeffrey Smith, qui est aussi directeur de l'Institut pour une Technologie Responsable, a commencé ainsi son entretien : J e viens des Etats-Unis et je voudrais pour le moins, présenter des excuses à propos des OGM . Il a alors accusé la FDA, l'administration pour l'alimentation et les médicaments aux Etats-Unis, qui indique qu'aucun examen particulier n'est nécessaire sur les aliments dérivés des OGM. Il a ajouté que cette affirmation est un mensonge commis par la société Monsanto qui a infiltré l'organisation administrative gouvernementale de la FDA .

Qui, a-t-il demandé, a débouté les scientifiques qui étaient inquiets à propose des toxines ? L'évidence, recueillie sur une période de trois ans auprès de trente scientifiques, fait l'objet de son dernier livre " GM roulette ", " La roulette russe des OGM " [ 12] : il dénombre et présente pas moins de soixante cinq risques sanitaires qui sont associés aux procédés du génie génétique.

Jeffrey Smith argue du fait que la cause possible et principale des problèmes de santé, est liée aux mutations de l'ADN dans les gènes synthétiques qui provoquent des changements à l'intérieur du génome. Il a précisé également que les déclarations des industriels des biotechnologies sur la sûreté de la toxine Bt utilisée dans les plants de maïs et de coton génétiquement modifiés, sont une illusion et qu'elles ont causé des milliers de cas de réactions allergiques dans le monde, ainsi que la stérilité et des morts non expliquées chez des êtres humains et chez du bétail.

L'hypothèse fondamentale et prétentieuse, faite par les industriels et selon laquelle les plantes génétiquement modifiées (OGM) et les pesticides sont sûrs, doit être contestée et réfutée.

La production des plantes génétiquement modifiées est un piège

Monsieur Wojciechowski a levé la séance avec une mise en garde contre l'expansion de la production des OGM qui est un piège. Et en tant que parlementaire européen, il a remercié tous les experts qui ont partagé leurs connaissances au cours de cette réunion.

C'est un défi, pour les parlementaires européens, d'intensifier leurs actions contre les plantes génétiquement modifiées. A la première occasion, la question sera soulevée, par des Membres du Parlement Européen, sur l'évaluation des risques de l' EFSA , qui remettra en marche la discussion et le débat à propos des dangers des OGM, a-t-il déclaré.

Des discussions enthousiastes se sont poursuivies pendant près d'une heure après la fin officielle de la conférence et elles ont continué dans le cafétéria du Parlement Européen, où Monsieur Wojciechowski a aimablement convié les orateurs et les auditeurs, amis de l'ISIS à déjeuner.

Article first published 21/06/07


Références bibliographiques

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