Le Ministère de l'agriculture des Etats-Unis, l'USDA, déréglemente sa propre prune transgénique, en dépit d'une accablante objection exprimée par le public
Le Ministère de l'agriculture des Etats-Unis et le Service d'inspection sanitaire des animaux et des plantes (USDA/APHIS) ont récemment accordé un statut qui exempte de toute réglementation, à un prunier transgénique résistant au poxvirus [1] après réception de 1.725 commentaires émanant de services administratifs de l'agriculture des états, de producteurs travaillant en agriculture biologique, d'associations et groupements de producteurs et de consommateurs, d'industriels qui soutiennent l'agriculture biologique, des spécialistes universitaires et des personnes en leur nom propre, qui se sont prononcés dans une pétition d'opposition (1.708), dépassant largement ceux qui se sont prononcés en faveur de ce dossier d'OGM (17), soit un facteur de 100 à 1.
L'APHIS s'était clairement manifesté en faveur de la proposition dans son évaluation environnementale et avait essayé de justifier sa décision par l'énoncé suivant : « La majorité des chercheurs universitaires, comme les services administratifs de l'agriculture qui ont émis des commentaires, ont accordé leur soutien pour un statut d'exemption de réglementation pour la prune C5. La majorité de ceux qui ont émis des commentaires s'opposant au statut d'absence de soumission à une réglementation, proviennent des groupements de producteurs et de consommateurs, des producteurs de l'agriculture biologique, ceux qui sont favorables à l'agriculture biologique et ceux qui sont opposés aux biotechnologies et au génie génétique en général. »
L'APHIS maintient ce point de vue selon lequel l'ADN et l'ARN n'ont en général aucune propriété toxique [1], principalement sur la base d'une notification de 1992 dénommée GRAS, « generally recognized as safe », soit « généralement reconnu comme sûr » [en terme de sécurité] émanant de l'administration états-unienne pour l'alimentation et les médicaments (la FDA) et qui portait sur les microorganismes transgéniques qui sont employés pour produire des protéines animales dans des conditions confinées ; cette notification n'est pas pertinente et elle est fortement fallacieuse lorsqu'elle s'applique à la dissémination dans l'environnement, comme c'est le cas avec la prune C5 transgénique.
D'une manière fondamentale, la notification de la FDA est obsolète en raison de nombreux résultats scientifiques qui ont été enregistrés depuis cette époque et ses recommandations devraient être rejetées immédiatement. Par exemple, le rôle capital, dans la régulation, des molécules de petits ARN, semblables à celles qui se trouvent dans la résistance au virus des prunes C5, n'a pas été mentionné dans la notification de FDA, car on ne les avait pas encore découvertes ; ni, bien sûr, les effets potentiellement mortels de telles molécules d'ARN chez les mammifères qui ont été soulignés dans notre commentaire détaillé adressé à l'USDA [2] (USDA Proposes to Deregulate Its Own Transgenic Plum, SiS 31).
Malgré le fait qu'une petite molécule d'ARN était présente à des concentrations élevées dans la prune transgénique, l'APHIS maintient ce point du vue : « Les acides nucléiques (c'est à dire l'ARN et l'ADN) sont présents dans tous les organismes vivants et ils ne sont pas connus pour avoir une quelconque propriété toxique. Les acides nucléiques sont considérés comme étant « généralement identifiés comme sûrs » (GRAS) par la FDA, l'administration de l'alimentation et des médicaments des États-Unis (FDA, 1992) et ils sont exempts d'une exigence particulière de tolérance d'après la loi fédérale relative aux aliments, aux médicaments et aux cosmétiques, au niveau de l'Environnement aux Etats-Unis ».
L'APHIS a rejeté les commentaires qui remettaient en cause la sûreté des petits ARN qui confèrent la résistance dans le prunier C5, y compris l'un de nos commentaires [2], qui soulignait l'utilisation des petits ARN dans la thérapie génique (qui fait appel à l'ARN interférant), ainsi que ses effets potentiellement nuisibles à la santé. L'APHIS insiste sur cela : « la sûreté des acides nucléiques est largement acceptée », car l'ARN et l'ADN font partie de tous les produits alimentaires que nous consommons ; de plus, « étant donné que les virus des plantes infectent une quantité énorme de fruits et de légumes que nous consommons, il est fortement probable que les humains aient déjà été exposés à cet ARN ou à un autre similaire, qui peuvent être exprimés dans une plante qui exprime une protéine capside ».
Quant aux inquiétudes relatives en matière de sûreté, à propos des résultats observés dans la thérapie génique avec l'ARN interférant, l'APHIS déclare que de tels ARN « seraient spécifiquement conçus et prévus pour un usage qui a pour destination des êtres humains et qu'ils seraient sensiblement différents que ceux qui se trouvent dans la prune C5. »
Toutes les déclarations émanant de l'APHIS sont fausses et/ou trompeuses : elles sont contredites par une abondante littérature qui existe déjà sur ce sujet.
On peut discuter sur le fait de savoir si les gens ont tendance à manger des fruits et les légumes infectés par des virus ; de toutes façons, de petites molécules d'ARN potentiellement toxiques sont produites, non pas par le virus lui-même, mais par la prune transgénique, comme le résultat de l'insertion de l'ADN viral dans le génome du prunier. Les prunes non transgéniques, infectées par le virus, ne synthétiseraient pas de grandes quantités de petits ARN, car ceux-ci empêchent la réplication et la multiplication des virus.
Il est évident que de petites molécules d'ARN peuvent être toxiques chez les cellules animales (voir ci-dessous) ; elles produisent en outre des effets ciblés chez les plantes. Contrairement aux déclarations du rapport émis par l'APHIS, (voir ci-dessus) suggérant que des séquences spécifiques ont été conçues pour la thérapie génique, les chercheurs ont testé beaucoup de séquences différentes d'ARN, pour leur toxicité chez des souris.
Sur 49 séquences testées, la majorité (soit 36 séquences) étaient sévèrement toxiques et 23 séquences étaient mortelles dans tous les cas, tuant les animaux dans les deux mois [3] (Gene Therapy Nightmare for Mice, SiS 31). [la version en français est intitulée 'Santé. Thérapie génique : un cauchemar pour les souris ! Ne pourrait-il pas aussi bientôt en devenir un pour les êtres humains ? '; cette version est accessible sur le site Internet suivant: https://www.i-sis.org.uk/GeneTherapyMicefr.php ]
Le fait est que les molécules des petits ARN qui sont produites dans la prune transgénique, n'ont été jamais expérimentées pour leur toxicité sur des animaux et elles n'ont pas été précédemment produites en grandes quantités dans les prunes non transgéniques ou dans tout autre plante cultivée.
La toxicité potentielle des petits ARN a été décrite dans un certain nombre de publications entre 2004 et 2006 [4-9] : elles montrent que la conclusion de l'APHIS, selon laquelle les molécules d'ARN sont sûres pour les êtres humains, est fausse et inadmissible.
L'APHIS maintient par ailleurs que les molécules d'ADN sont intrinsèquement non toxiques sur la base de la notification de la FDA [critère GRAS] de 1992 [1].
Quoique l'ADN toxique ne soit pas une question importante pour la prune transgénique, cela vaut la peine de préciser que la toxicité de certaines molécules d'ADN est bien établie [10-12].
Les molécules d'ADN sont identifiées par le système immunitaire en tant que moyens d'activation des défenses contre les bactéries et les virus pathogènes. Une réaction immunitaire forte est déclenchée, pouvant même conduire à la mort chez les mammifères, comme cela a été indiqué dans un rapport publié en 2004 [13] :
« Le système immunitaire inné des mammifères a la capacité d'identifier et de provoquer une réponse contre de l'ADN étranger qui entre en contact. Le signal primaire qui déclenche cette réponse est constitué par des motifs CpG non méthylés, qui sont présents dans les séquences d'ADN chez divers agents pathogènes. Ces motifs sont rares dans l'ADN des vertébrés, mais ils sont abondants dans les ADN bactériens et dans l'ADN de certains virus.
Puisque la thérapie génique implique généralement la fourniture d'ADN des plasmides d'origine bactérienne ou des virus recombinés, il en résulte inévitablement une réponse inflammatoire aiguë de sévérité variable. La réponse est la plus grave avec des vecteurs de distribution qui n'ont pas une origine virale, et qui sont composés de complexes cationiques, des lipides avec de l'ADN, qui produisent des effets nuisibles et la mort à des doses inférieures, contrairement aux effets qui sont produits à des doses plus élevées du complexe ».
Evidemment, la conclusion de l'APHIS sur l'absence de toxicité de l'ADN est également fausse et trompeuse.
Nous avons déjà annoncé à de multiples occasions (le plus récemment dans notre article GM Food Nightmare Unfolding in the Regulatory Sham [14], publication scientifique de l'Institut ISIS),) [¤] que l'ADN transgénique, par opposition à l'ADN non transgénique, dispose de certains mécanismes qui le rendent potentiellement peu sûr.
[¤] La version en français intitulée 'Le cauchemar de la dissémination des aliments génétiquement modifiés, résulte de la tromperie des organismes chargés de la réglementation et des contrôles' est accessible soit à partir de la version en anglais, puis French version , soit directement sur le site suivant : yonne.lautre.net/rubrique.php3?id_rubrique=131
En conclusion, l'APHIS a faussement déclaré que les molécules d'ARN et d'ADN sont intrinsèquement sûres pour les êtres humains, sur la seule base d'une note de la FDA qui est obsolète et qui est maintenant réfutée par de nombreuses observations.
C'est la plus récente prise de position, dans une longue suite de déclarations fausses et non valides, émanant de l'USDA, en matière de sûreté et de sécurité. Depuis 2001, l'ISIS a soumis au moins 34 objections détaillées, contenant des avertissements de sûreté contre des déréglementations et des disséminations au champ d'organismes génétiquement modifiés (OGM), soit à l'USDA, soit à d'autres organismes de réglementation aux Etats-Unis [15].
Il en a été de même pour les soumissions effectuées pat l'ISIS auprès de l'EFSA, l'Autorité européenne de sûreté des aliments, ainsi qu'à l'Autorité de sécurité alimentaire des aliments du Royaume-UNI [14].
Un espoir cependant : le système judiciaire des Etats-Unis semble être plus sévère vis-à-vis de l'attitude cavalière de l'USDA envers les évaluations environnementales de sûreté [16] (Approval of GM Crops Illegal, US Federal Courts Rule , SiS 34) : il a imposé la première interdiction à propos d'une plante génétiquement modifiée (luzerne) dans le pays.
Les Etats-Unis se sont joints à l'avalanche d'interdictions et de moratoires qui ont frappé les plantes OGM au cours de la dernière année, pendant que les personnes et autorités qui définissent la politique se réveillaient devant la masse irréfutable d'évidences qui se sont accumulées sur les risques inhérents aux OGM [14, 17, 18] (No to GMOs, No to GM Science, SiS 35; GM Science Exposed: Hazards Ignored, Fraud, Regulatory Sham, and Violation of Farmers' Rights. I-SIS CD book).
Article first published 26/07/07
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