La ‘combustion' de l'eau constitue un mode de vie pour tous les organismes vivants, pour les animaux comme pour les plantes, avec peut-être un petit peu d'aide de la lumière solaire, selon le Dr. Mae-Wan Ho
Les organismes vivants, comme les animaux et les êtres humains, peuvent-ils 'brûler' de l'eau? La combustion ou oxydation de l'eau, c'est ce que les plantes vertes réalisent avec la plus grande facilité. Elle dépend de l'absorption de l'énergie des photons à partir de la lumière du soleil pour faire en sorte que l'eau donne des électrons. Une grande partie des efforts actuels est notamment consacrée à la photosynthèse artificielle [1] ] ( Harvesting Energy from Sunlight with Artificial Photosynthesis , SiS 43), mais l'oxydation de l'eau (H2O) en l'oxygène (O2) n'est effectivement que la moitié de la réaction : l'autre moitié réside dans la production d'hydrogène (H2) qui peut s'enflammer comme un combustible ou un carburant.
Mais d'autres organismes, tels que les animaux et les êtres humains, peuvent-ils en faire autant ? Pas de cette manière, mais ils 'brûlent' toutefois cette même eau. They oxidize water, not to get energy as much as to create exquisitely targeted local weapons for killing bacteria and other microbes. Ils oxydent l'eau, pas seulement pour obtenir de l'énergie, mais aussi pour créer des sortes d'armes locales dirigées pour tuer des bactéries et autres microbes.
(La récente découverte selon laquelle l'eau dans les cellules et les tissus des organismes vivants peut être chargée par une exposition à la lumière infrarouge, suggèrent que les animaux peuvent aussi dépendre de la lumière du soleil pour s'énergiser eux-mêmes [2] (Water Electric, SiS 43). Je me suis souvent demandé pourquoi je me sens tellement énergique après un bain de soleil.)
Il y a quelques années, une équipe de chercheurs californiens a découvert la surprenante capacité des anticorps produits par le système immunitaire , afin de créer des produits chimiques hautement réactifs, que les cellules peuvent utiliser pour se purifier et pour empoisonner leurs envahisseurs, par combustion ou oxydation de l'eau.
Les chimistes Richard Lerner et Paul Wentworth, de l'Institut de recherche Scripps, à La Jolla aux Etats-Unis, sont tombés sur ce nouveau rôle des anticorps par accident [3]. Ils ont trouvé des anticorps générateurs d'H2O2(peroxyde d'hydrogène) en cas d'exposition à la lumière UV. Ils ont testé de nombreux autres anticorps et le résultat a été le même à chaque fois. Les anticorps génèrent H2O2à partir de l'oxygène singulet ( 1O2 ), une forme énergique et très réactive de la molécule d'oxygène produite quand une source d'énergie, telle que la lumière UV, excite l'oxygène ordinaire triplet (3O2) , catalysé par l'anticorps.
L'oxygène singulet et le peroxyde d'hydrogène appartiennent à une classe de molécules appelées espèces réactives de l'oxygène (ERO, ou ROS en anglais) qui ont fait l'objet de beaucoup d'efforts de recherche au cours des dernières années (voir encadré).
Les espèces réactives de l'oxygène, ERO - Reactive oxygen species (ROS)
Les espèces réactives de l'oxygène sont de petites molécules qui contiennent de l'oxygène et qui sont plus réactives que l'oxygène moléculaire ordinaire, parce qu'elles ont été activées à partir de l'état de base, certains sont des radicaux libres, qui contiennent un d'électron non apparié. Les ERO comprennent l'oxygène singulet, le superoxyde, le peroxyde, le radical hydroxyle et l'ion hypochlorite.
Les structures d'électrons extérieurs des ERO sont représentées ci-après sur la droite. Pour comparaison, les espèces d'oxygène simples, 'non réactives' sont données sur la gauche du tableau ci-dessous.
Non ERO - Non-ROS | ERO - ROS |
Triplet oxygène ·O-O· | Oxygène singulet O-O: Superoxyde ·O-O: - R adical perhydroxyle ·O-O:H Peroxyde d'hydrogène H:OO:H Radical hydroxyle H:O· |
Ion hydroxyle H:O: - | Hypochlorite · O-Cl: - |
Eau H:O:H |
L'oxygène triplet ordinaire est un radical double parce que ses deux électrons externes ne sont pas appariés et en spin parallèle ; il est dans l'état d'énergie le plus faible. Il peut être activé en recevant suffisamment d'énergie pour inverser la rotation de l'un de ses électrons non appariés. Lorsque cela se produit, il formera l'oxygène singulet activé dans laquelle les deux électrons ont des spins anti-parallèles et deviennent appariés. L'oxygène singulet peut participer à des réactions impliquant le transfert simultané de deux électrons, ce qui le rend plus réactif.
La deuxième façon d'activer l'oxygène triplet est d'acquérir un seul électron pour former un ion superoxyde (qui a une charge négative), et virant en radical perhydroxyle (non chargé, avec un électron non apparié) ; le peroxyde d'hydrogène et le radical hydroxyle (encore une fois non chargé et avec un électron non apparié). Un autre ERO est l'hypochlorite, qui est aussi un radical.
Les ERO sont formées dans le corps et sont le résultat de plusieurs mécanismes différents.
Les ERO , en particulier celles qui sont des radicaux avec des électrons non appariés, peuvent être très dommageables pour les cellules, du fait qu'elles réagissent avec d'autres molécules pour obtenir une configuration stable d'électrons appariés ; elles transforment leur molécule cible en un radical, donc une réaction en chaîne commence à se propager, jusqu'à ce que deux radicaux se réunissent pour former une liaison covalente. Dans le processus, les molécules peuvent être réticulées, avec déformation des structures, telles que les membranes dont les molécules font partie.
Les cellules ont une grande variété de moyens de défense contre les ERO. Il s'agit notamment les enzymes de la superoxyde dismutase, qui convertissent deux anions superoxydes en une molécule de peroxyde d'hydrogène et une d'oxygène, ainsi que les catalases, qui décomposent le peroxyde d'hydrogène en oxygène et en eau.La différence d'énergie entre l'oxygène triplet et l'oxygène singulet est d'environ 1 eV, bien au-dessous de l'énergie d'un photon d'UV absorbé par les protéines, qui peut ensuite être transféré à l'oxygène triplet. Mais d'où proviennent les électrons pour réduire l'oxygène singulet en H2O2?
Dans un premier temps, les chercheurs ont pensé que la réaction assurait la combustion [l'oxydation] de la protéine elle-même, pour produire H2O2 , mais beaucoup trop de H2O2 a été produit pour que cela soit le cas.
La production de H2O2 par les anticorps a été maintenue pendant de longues périodes sous lumière UV, en restant linéaire jusqu'à plus de 40 moles équivalent de H2O2. Lorsque l' H2O2 est supprimé, les anticorps reprennent la production d' H2O2 aux mêmes taux initiaux, et cette production est restée pratiquement inchangée, même après 10 cycles d'irradiation UV, suivie par l'enlèvement de l' H2O2 [4].
Après l'élimination d'autres sources pour le peroxyde d'hydrogène, tels que des ions Cl - et des ions métalliques, l'équipe a eu l'idée que l'oxygène singulet pouvait réagir avec ou ‘brûler' l'eau pour donner H2O2. En présence d'oxygène singulet, l'irradiation UV des anticorps conduit à l'incorporation de l'oxygène de l'eau en H2O2. Par marquage de l'eau avec un isotope lourd de l'oxygène, l'équipe de Lerner a confirmé que de l'oxygène contenu dans H2O2 vient bien en effet de l'eau, dans la proportion d'environ 1:2.2 relativement à l'oxygène moléculaire en fonction de l'équation :
2 1O2 + 2 H2O -> 2H2O2 + 3O2 (1)
Les chercheurs de l'Institut Scripps ont fait équipe avec l'expert en modélisation des réactions, William Goddard III de l'Institut de Technologie de Californie à Pasadena et avec son élève Xin Xu. Ils ont suggéré que les molécules d'eau pourraient se combiner avec l'oxygène singulet pour produire du trioxyde d'hydrogène (H2O3) , qui se réorganise finalement pour produire H2O2.
A cause de barrières énergétiques, la réaction initiale de l'eau et de l'oxygène singulet ne pourrait probablement jamais avoir lieu toute seule. Mais Xu et Goddard ont calculé que si la réaction a commencé avec au moins deux molécules d'eau, l'une d'elle peut agir comme un catalyseur en permettant à la réaction de se poursuivre. Cela diminue la barrière d'énergie d'activation de 64,7 kcal / mol à 31,2 kcal / mol, si les deux molécules d'eau sont impliquées, et à 12,0 kcal / mol si 3 molécules d'eau sont en cause. Les réactions inverses ont des barrières énergétiques de 9,2 kcal / mol et 0 kcal / mol, respectivement, ce qui suggère que H2O3 n'est pas stable dans l'eau libre. Les réactions proposées se déroulent comme ceci : l'oxygène singulet réagit avec l'eau pour former H2O3 et un dimère de H2O3 qui se réarrange ensuite rapidement pour donner H2O2 et de l'oxygène.
H2O + 1O2 -> H2O3 (2)
2 H2O3 -> 2 H2O2 + 3O2 (3)
Mais il n'est pas facile d'imaginer comment se réalise l'arrangement des molécules d'eau et de l'oxygène singulet. Peut-être que l'anticorps a un rôle à jouer? Pour le savoir, Wentworth et Lerner se sont tournés vers Ian Wilson, un spécialiste de la cristallographie par rayons X, à l' Institut Scripps. En utilisant les Rayons X une haute résolution, Wilson a fait des cartes de densité d'électrons de la structure atomique de quatre anticorps différents [5].
En examinant toutes les régions que les anticorps ont en commun, le groupe de Wilson a identifié trois sites proches les uns des autres qui pourraient lier les molécules d'oxygène, ainsi que les sites susceptibles de contenir les molécules d'eau dans les bons endroits.
Un étiquetage isotopique a confirmé que les anticorps jouent un rôle de catalyseur dans la conversion de 1O2en H2O2.
Ces résultats ont été confirmés par une autre équipe de recherche au California Institute of Technology , à Pasadena [6] en utilisant des calculs de mécanique quantique. Les intermédiaires de réaction proposés, HOOOH (H2O3) et son dimère, sont stabilisés à l'interface ' clé grecque ' de la lumière et de lourdes chaînes, typique dans les récepteurs des cellules T et des anticorps, et non présente dans microglobulines- b2 . This was consistent with the experimentally observed lack of HOOH (H2O2 ) production in the latter as opposed to the former. Cela est compatible avec l'observation des expériences : l'absence de HOOH (H2O2 ) dans ces dernières, par opposition aux précédents. Le site catalytique, sur lequel ont lieu ces réactions, a ordonné des clusters [regroupements moléculaires] d'eau (dimères et trimères) qui permettent à 1O2 de réagir avec de multiples molécules d'eau. En revanche, le site de fixation pour le produit, H2O2 ne contient aucun cluster d'eau et est entouré dans une poche hydrophobe.
D'autres études, comparant la structure des fragments des sites de liaisons de l'antigène - à l'état natif en après irradiation aux rayons UV –, ont révélé des modifications spécifiques au niveau des résidus des acides aminés tryptophane L163 et glutamine H6, situés dans les régions interfaciales du site catalytique de l'anticorps précédemment identifié [7].
Par la suite, le groupe de l'Institut Scripps a prouvé qu'en plus de H 2O2, de l'ozone (O3) [8] ou d'autres espèces trioxygènes [9] sont également produits et distribués par les anticorps, ce qui souligne les puissantes propriétés bactéricides de tous les anticorps, indépendamment de leur spécificité antigénique.
Ces découvertes sont d'autant plus surprenantes que les anticorps ont longtemps été confinés dans le rôle de 'semi combattants' dans la guerre du système immunitaire contre l'invasion par des microbes [10] ; pour cela, les cellules du système immunitaire, comme les macrophages, qui vont tuer les bactéries en les engloutissant lors de la phagocytose et en les digérant dans les vacuoles ou les phagosomes formés à l'intérieur de la cellule.
Les neutrophiles, qui constituent les globules blancs les plus abondants de dans le sang, sont également les principaux phagocytes du système immunitaire. Ils tuent les bactéries et les champignons, en partie par le déclenchement d'une rafale oxydative, composée d'un ensemble de réactions enzymatiques et chimiques qui entraînent la formation des ERO . La première étape de cette cascade, la réduction de deux molécules d'oxygène, est initiée par l'enzyme NAD(P)H oxydase, qui se trouve assemblée dans la membrane, lorsque la cellule est activée par des bactéries munies d'une couche externe d'anticorps. L'oxydase produit l'anion peroxyde (O2* - )
NAD(P)H + 2 3O2 -> NAD(P)+ + H+ + 2O2*- (4)
La réactivité de O2*- avec la cellule est relativement faible. Sa fonction est de générer davantage de puissantes ERO. La réaction principale au sein du phagosome est soit d'acquérir un proton pour devenir un radical hydroperoxyle (HO2*), suivie d'un réarrangement rapide (dismutation) en H2O2 et 3O2 , avec ou sans l'aide de l'enzyme superoxide disumutase. L' H2O2 est alors utilisé pour oxyder Cl - en hypochlorite OCl - , une réaction catalysée par la myéloperoxydase. L'hypochlorite est très bactéricide, mais elle est également utilisée pour former des chloramines, dont certains sont encore plus toxiques pour les microbes que ne l'est l'hypochlorite. Une autre sort de l' H2O2 est sa conversion en un radical hydroxyle (OH *).
Compte tenu du fait que H2O2 et HOCl sont présents à des concentrations élevées dans le phagosome, il y a la possibilité pour une production chimique de l'oxygène singulet 1O2 à de hautes concentrations.
H2O2 + HOCL -> 1O2 + HCl + H2O (5)
Comme les anticorps peuvent catalyser la formation de H2O2 à partir de 1O2 et H2O par l'intermédiaire de H2O3, avec la production d'ozone, les chercheurs de l'Institut Scripps ont recherché la preuve que les neutrophiles peuvent également produire de l'ozone et leur démarche a été couronnée de succès [11]. Le schéma qu'ils ont proposé pour la génération des ERO dans les neutrophiles est donné dans la Figure 1.
Espèces réactives de l'oxygène produites par les neutrophiles
Mais l'histoire n'est pas terminée : en 2008, une équipe de chercheurs japonais dirigée par Kouhei Yamashita, à l'Université de Kyoto, a constaté que quatre acides aminés (sans anticorps) - tryptophane, méthionine, cystéine et histidine - sont également capables de catalyser la conversion de l'oxygène singulet en ozone en cas d'exposition aux UVA dans une solution aqueuse. D'autres acides aminés solubles dans l'eau ont été testés : ils n'ont pas cette capacité [12].
En effet, la combustion de l'eau semble assez simple : il s'agit d'un mode de vie. Les animaux, y compris les êtres humains, le font en permanence à des fins de signalisation cellulaire et pour réguler l'état énergétique des tissus et des cellules [13] ( Living with Oxygen , SiS 43).
Article first published 17/06/09
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Warren Brodey M.D. Comment left 18th June 2009 05:05:35
I would like to forward a copy of this to Vilhelm Schjeldrup M.D who has done clinical studies of singlet oxygen giving this to children with chronic asthma . HIS STUDY PRODUCED GOOD RESULTS. But were not given much attention by those who can finance further research. He has collaborated with other studies providing singlet oxygen to plants. His emailaddress is vilsch@online.no
Mae-Wan Ho Comment left 28th July 2009 03:03:31
Hi Warren Brody,
Please forward to Vilhelm. Would love to hear from him regarding his trial and why he thought the children with asthma could benefit from singlet oxygen.
Radoslav Bozov Comment left 9th January 2010 03:03:59
Burning water is entropic force, thus reducing oxygen to hydrogen peroxide is negentropic force, further reducing it to water is negentropic force, while oxidizing carbohydrates by using peroxide is entropic force. Evolution is the result of these two opposing forces.
mzm Comment left 4th February 2010 23:11:13
O3 is an asthma trigger